Cytomégalovirus et grossesse : quels risques pour le bébé ?

Cause la plus fréquente d'infection congénitale, le cytomégalovirus (CMV) peut occasionner de lourdes séquelles sur le bébé à naître.

Cytomégalovirus et grossesse : quels risques pour le bébé ?
© 123RF / Tatyana Tomsickova

Cytomégalovirus chez la femme enceinte

"Le cytomégalovirus (ou CMV) est un virus responsable d'infections passant souvent inaperçues, mais chez la femme enceinte, il peut provoquer des lésions du fœtus (environ 50 cas graves par an)", prévient le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) dans un avis publié en 2018. En effet, si l'infection à ce virus (de la famille de l'herpès) est courante et bénigne chez les jeunes enfants, se manifestant généralement par des maux de tête, de la fièvre et une fatigue, un CMV positif est nettement plus dangereux lorsqu'il est détecté chez la femme enceinte car celle-ci peut ensuite le transmettre à son fœtus par le placenta.

Cytomégalovirus pendant la grossesse : quels sont les risques ? 

Déficience intellectuelle, surdité sévère, cécité ou encore troubles moteurs font partie des séquelles les plus graves chez l'enfant ayant contracté le CMV in utero. Or, "l'infection à cytomégalovirus est la cause la plus fréquente d'infection congénitale"  l'Académie Nationale de Médecine lors d'une conférence organisée le 1er octobre 2019. Elle précise notamment que "des séquelles neurologiques et auditives de gravité variables surviennent chez environ 17 à 19 % de tous les nouveau-nés infectés". Tous les bébés concernés ne vont donc pas forcément souffrir de ces séquelles. En revanche, plus la contraction du CMV survient tôt durant la grossesse (au cours du 1er trimestre), plus le risque s'accroit (de 51 à 57 %) chez les nouveau-nés infectés. D'autre part, près de la moitié (soit entre 40 et 50 %) des femmes enceintes sont déjà immunisées. Si elles ne sont malgré tout pas à l'abri d'une réinfection, il y a alors peu de chances que le bébé soit contaminé. Pour les Professeurs Yves Ville et Jacques Milliez, "il devient justifié de recommander le dépistage systématique du CMV au début de la grossesse" compte tenu des risques de surdité congénitale, ainsi que de "l'efficacité et l'innocuité des traitements viraux au cours de la grossesse", ont-ils précisé lors de la séance.

CMV et grossesse : un dépistage non systématique

Dans un communiqué du 3 décembre 2019, le CNGOF (Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français) annonce être conscient du danger lié à l'infection congénitale due au CMV et de ses conséquences. Il y rappelle la nécessité d'informer les futurs parents sur le virus, et les mesures de prévention efficaces pour éviter la contamination pendant la grossesse "le plus tôt possible, idéalement avant la grossesse". Une sérologie pour dépister la maman peut aussi être réalisée avant ou au début de la grossesse, "après information et discussion avec le couple des avantages et inconvénients, des conséquences et possibles difficultés d'interprétation des sérologies et de prise en charge"Pas de dépistage systématique donc, en raison de "l'absence de preuves suffisantes de l'efficacité du traitement préventif de la transmission materno-fœtale ou curatif des fœtus infectés" explique le CNGOF. 

Quelles recommandations contre le cytomégalovirus pendant la grossesse ?

Pour l'heure, la seule véritable manière de se prémunir du CMV consiste à respecter les recommandations d'hygiène suivantes :

  • Eviter le contact avec la salive (incluant les bisous sur la bouche, les urines, les larmes, et les sécrétions nasales). Si vous êtes enceinte, évitez donc d'embrasser un bébé, ou un enfant de moins de trois ans sur la bouche, ou sur les joues pour le consoler lorsqu'il est en train de pleurer.
  • Ne pas utiliser la même cuillère, manger dans l'assiette ou partager le même verre que l'enfant. Il est recommandé de ne pas goûter ou finir le plat de bébé, ni partager l'assiette, la bouteille ou un gâteau.
  • Ne pas mettre sa tétine à la bouche. De nombreuses mamans ont tendance à sucer la tétine pour la nettoyer, ou à mettre le biberon dans la bouche pour vérifier la température du lait, mais ces "mauvaises habitudes" augmentent les risques. A la place, vous pouvez tester la température avec le dos de la main, ou si besoin goûter son repas avec une autre cuillère. 
  • Eviter de prendre un bain avec son bébé (qui pourrait uriner dans l'eau). Le HCSP conseille également aux femmes enceintes d'éviter de toucher le pyjama mouillé de son enfant.
  • Si votre bébé est enrhumé, le HCSP recommande aux parents de ne pas l'embrasser sur les joues, ni aspirer son nez sans précautions. En cas d'utilisation d'un mouche-bébé par exemple, il est préférable de le nettoyer immédiatement en suivant la notice. Vous pouvez également utiliser des mouchoirs en papier, et les jeter immédiatement après usage.

- Pensez à bien vous laver les mains avec du savon (15 à 20 secondes), surtout après avoir mouché bébé. Si vous n'en avez pas la possibilité, utilisez alors du gel hydro-alcoolique.

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