Déclenchement accouchement : durée, douleur, quelle méthode ?

Pour des raisons médicales ou personnelles justifiées, une équipe médicale peut décider de déclencher l'accouchement. Dans le jargon médical, on parle de déclenchement artificiel du travail. Pour cela, selon l'état du col de l'utérus, plusieurs techniques médicales peuvent être utilisées pour faire maturer le col et déclencher le travail. Quelles sont les méthodes qui existent ? Est-ce plus douloureux de déclencher un accouchement ? Quelle est la durée moyenne pour accoucher après un déclenchement ? Réponses et conseils d'Anh-Chi Ton, sage-femme.

Dans quels cas déclenche-t-on un accouchement ?

L'accouchement peut être déclenché pour des raisons médicales : 

• S'il y a un risque pour la santé du bébé. C'est par exemple le cas si des anomalies du rythme cardiaque du fœtus apparaissent ou si le bébé présente un retard de croissance.
• Si la future maman a du diabète gestationnel, ou une infection au niveau du liquide amniotique ou encore un risque de pré-éclampsie. 
• Si le terme de la grossesse est dépassé. À partir de la 39e semaine de grossesse, le déclenchement est recommandé, soit environ 8 mois et demi de grossesse et si le col est favorable au déclenchement.

Est-ce plus douloureux d'être déclenché ?

"Un déclenchement d'accouchement peut faire un peu plus mal. Car quand le travail et les contractions commencent spontanément, la douleur vient progressivement et le corps sécrète de l'ocytocine (hormone qui stimule les contractions, ndlr) mais également de l'endorphine (surnommée hormone du bonheur, ndlr), comme de la morphine naturelle qui permet de gérer la douleur. Or quand on induit des contractions avec de l'ocytocine de synthèse, l'endorphine n'est pas présente, donc les contractions sont plus douloureuses", nous explique Anh-Chi Ton, sage-femme.

"Un déclenchement d'accouchement peut faire un peu plus mal au niveau des contractions."

Combien de temps pour accoucher après un déclenchement ?

La durée pour accoucher après un déclenchement est variable d'une femme à l'autre. En général, l'accouchement se fait entre 24 heures et 48 heures après le début du déclenchement. Dans d'autres cas, cela peut prendre plus longtemps.

Quelles sont les méthodes pour déclencher un accouchement ?

Pour déclencher un accouchement, il existe plusieurs méthodes en fonction de l'état du col de l'utérus, s'il est favorable (c'est-à-dire col ramolli et déjà un peu ouvert) ou non. Les deux techniques principales sont la perfusion intraveineuse d'ocytocine et l'administration d'un gel de prostaglandines directement dans l'utérus. 

L'ocytocine pour déclencher l'accouchement

"L'injection d'ocytocine pour déclencher l'accouchement marche que si le col de l'utérus est déjà un peu favorable", détaille l'experte. Lorsque l'ocytocine n'est pas suffisamment produite par le corps, c'est une ocytocine de synthèse qui est administrée par voie intraveineuse à la femme enceinte afin de déclencher artificiellement les contractions. L'objectif est que des contractions d'intensité normale apparaissent. À cette injection d'ocytocine, il est fréquent d'associer une anesthésie péridurale qui permettra de faciliter le déroulement du travail.

Les prostaglandines pour déclencher l'accouchement

L'application d'un gel d'hormones prostaglandines dans l'utérus. Afin de favoriser la maturation et l'amincissement du col et déclencher ainsi les contractions, un gel de prostaglandines peut en effet être introduit dans le col de l'utérus. Les professionnels de santé vont avoir tendance à privilégier cette méthode lorsque le col est immature. Si celui-ci est mature, ils choisiront indifféremment les prostaglandines ou l'ocytocine pour favoriser le déclenchement du travail. Il existe aussi des comprimés de prostaglandines (misoprostol 25 µg) à prendre par voie orale.

La technique du ballonnet pour déclencher l'accouchement

"Si le col de l'utérus est complètement long, fermé, on peut utiliser la technique du ballonnet (sonde de Folley) pour faire maturer le col", indique la sage-femme. Pour cela, on utilise un petit ballon sous forme de sonde en caoutchouc souple qui est introduite dans le col de l'utérus. Lorsqu'elle est en place, elle est gonflée progressivement avec de l'eau, ce qui va permettre d'ouvrir le col et de décoller les membranes, et ainsi de déclencher l'accouchement. La future maman peut alors ressentir des contractions, des douleurs dans le bas ventre, avoir de légères pertes de sang. 

Le déclenchement d'un accouchement par tampon

Une autre technique consiste à placer un tampon dans le vagin (tampon Propess), qui va diffuser des hormones prostaglandines pour provoquer des contractions et ainsi le déclenchement du travail. Des brûlures vaginales peuvent aussi être ressenties après l'application. Dès lors que le travail a débuté, le tampon est retiré. Si le travail n'a pas commencé, il peut rester maximum 24 heures, après quoi il est enlevé. 

Le décollement des membranes pour provoquer le travail

Méthode de moins en moins utilisée, le décollement des membranes, appelé aussi stripping peut être aussi envisagé pour provoquer le travail "si le col est déjà ouvert à au moins 1 doigt de dilation", précise la spécialiste. Toutefois, cela ne permet pas déclencher systématiquement l'accouchement. Cette technique est également connue pour être douloureuse et "entraîner une fréquence plus grande de saignements lors des touchers vaginaux", selon un document de la Haute Autorité de Santé (HAS). 

Quelle est la méthode la plus efficace ?

Il n'existe pas une seule méthode efficace mais plusieurs. "La maturation du col par le ballonnet et l'administration de prostaglandines (par tampon puis par gel) sont deux méthodes dont l'efficacité est comparable. L'injection d'ocytocine de synthèse pour déclencher l'accouchement fait également partie des méthodes les plus efficaces qui sont utilisées dans les hôpitaux", énumère la spécialiste. 

Quels sont les risques d'un déclenchement de l'accouchement ?

Le déclenchement de l'accouchement n'est pas sans risques. Il peut provoquer une médicalisation plus importante de l'accouchement. Le travail peut être plus long, plus fatiguant et les contractions, plus douloureuses, pour la future maman. "Parfois le déclenchement ne marche pas, le col n'a pas bougé donc il y a un risque de césarienne. Dans d'autres cas, la future maman ressent trop de contractions d'un coup, on parle alors d'hypercinésie de fréquence. Ces contractions peuvent aussi provoquer une hypertonie de l'utérus, l'organe se relâche trop ou au contraire ne se relâche pas entre les contractions, ce qui peut entraîner un ralentissement du rythme cardiaque du fœtus", expose Anh-Chi Ton. 

Quelle surveillance lors du déclenchement de l'accouchement ?

Tout déclenchement nécessite une surveillance de la femme enceinte, mais aussi du fœtus. Pour cela, l'équipe médicale procède généralement à un monitoring fœtal avant le déclenchement mais aussi pendant, en continu, notamment si l'ocytocine ou l'administration de prostaglandines est employée. Le déclenchement d'un accouchement est ainsi toujours réalisé à proximité d'une salle de césarienne, si besoin. 

Existe-t-il des méthodes naturelles pour déclencher l'accouchement ?

Il existe d'autres méthodes dites naturelles qui aident à la maturation du col de l'utérus en vue de déclencher l'accouchement. C'est le cas de l'acupuncture, une technique qui consiste à placer des aiguilles sur des points ciblés du corps de la future maman pour enclencher le travail. Par ailleurs, on parle aussi de méthodes de grand-mères pour déclencher un accouchement. "On conseille souvent aux futures mamans de marcher, car la marche provoque un peu de contractions", boire plusieurs fois par jour de la tisane de feuilles de framboisier, prendre un bain chaud, manger épicé… Mais leur efficacité reste à prouver. Par ailleurs, la sage-femme rappelle que "pour vraiment déclencher un accouchement, il faut que le corps soit prêt."

Qu'est-ce que le déclenchement à l'italienne ?

"Un rapport sexuel peut aider à déclencher l'accouchement. Mais la condition, c'est de ne pas se doucher et de faire en sorte de garder en soi le liquide séminal (qui contient des prostaglandines) pendant au moins deux heures", nous indique Chantal Birman, sage-femme libérale. En effet, le sperme, qui contient ces prostaglandines pourrait dans certains cas provoquer des contractions.