"Enceinte, il est parti comme tous les matins, mais n'est jamais revenu"

Virginie a vécu 4 ans avec son compagnon, qui n'accepte pas sa grossesse surprise. Déjà maman de deux enfants nés d'une précédente union, elle va devoir accueillir son enfant seule. Elle témoigne.

"Enceinte, il est parti comme tous les matins, mais n'est jamais revenu"
© nd3000-123rf

Virginie s'est retrouvée seule à élever ses deux enfants après un divorce douloureux. Son mari de l'époque l'a quittée pendant dix ans, sans donner de nouvelles. Elle retrouve finalement l'amour avec un homme, lui aussi papa, qui va lui faire vivre la même solitude. Car à l'approche de la quarantaine, le désir d'être à nouveau maman se fait sentir, mais son compagnon ne partage pas cette envie. Plus tard, lorsqu'elle fait un test de grossesse qui s'avère positif, l'annonce au papa est une douche froide. "Il s'est assis sur le canapé et m'a dit : 'Tu te débarrasses de ça". Lui reprochant d'avoir mal géré sa contraception, il lui demande d'avorter. Une option qu'elle se refuse à envisager. "Pour moi, ce bébé était un signe. Il était hors de question d'avorter" nous explique-t-elle.

"Il est parti comme tous les matins, m'a embrassée, et n'est jamais revenu."

Virginie n'imagine pas vivre cette grossesse seule. Pourtant, en septembre 2018, son compagnon part pour de bon. "Il est parti comme tous les matins, m'a embrassée, et n'est jamais revenu." Malgré quelques SMS échangés, c'est seule qu'elle vit son suivi de grossesse, "confrontée aux couples, à leur bonheur et au regard des autres". Le papa continue de la culpabiliser. "Il me disait que j'avais gâché notre relation, que l'on formait déjà une famille et qu'on n'avait pas besoin de ce bébé. Mais paradoxalement, il s'inquiétait quand même." Pendant plusieurs mois, le ventre de Virginie est plat ou presque. "Mon ventre ne se voyait pas du tout. C'est comme si je faisais une sorte de déni de grossesse" se souvient-elle. Dans l'entourage de Virginie, les réactions à l'annonce de sa grossesse sont pour le moins mitigées. Beaucoup ne comprennent pas son choix d'avoir un enfant seule à 42 ans. "On m'a traitée de folle, d'inconsciente. On m'a dit que j'allais utiliser mes aînés comme baby-sitter.". 

À l'approche de l'accouchement, Virginie continue d'espérer que son compagnon change d'avis et lui demande s'il veut être présent pour la naissance de leur fille. Là encore, il refuse. Elle donne naissance à son bébé le 15 avril 2019, sa fille aînée à ses côtés. Lorsqu'il apprend la venue au monde de sa fille, le papa reste sans réaction. Quelques mois plus tard, elle lui annonce la date du baptême et lui envoie une photo. "Il m'a répondu qu'elle était très jolie, mais ça s'est arrêté là." Pour Virginie, regarder l'acte de naissance de sa fille est une épreuve. "Il ne l'a pas reconnue et voir cette case vide est extrêmement douloureux." Elle aimerait désormais qu'il reconnaisse l'enfant, mais les démarches sont longues. Seul le tribunal peut lui ordonner de reconnaître sa fille. Si la situation venait à évoluer, Virginie est en revanche formelle, elle refuse qu'il paye une pension alimentaire. "Je ne veux pas qu'un jour ma fille soit obligée de payer pour lui."

Virginie est également confrontée à des difficultés matérielles. Avec un seul salaire, et en dépit des aides de la CAF, elle vit dans un F3 avec ses trois enfants, et n'a pu reprendre son travail de professeur qu'à temps partiel. Cette situation difficile et cette solitude la pèsent au quotidien. "J'étais seule pour affronter les difficultés de la grossesse, je suis désormais seule pour élever ma fille, pour prendre toutes les décisions." Les liens semblent aujourd'hui définitivement coupés avec son ex-compagnon et Virginie reconnaît éprouver beaucoup de ressentiment. "Pour ma fille, je voudrais qu'il soit là bien sûr... Je réfléchis aussi à la manière dont je vais lui parler de son histoire. Mais pour cela, je dois d'abord faire taire la haine qui est en moi..."