Bouger, un besoin essentiel pour les enfants

Depuis plusieurs années, on observe de plus en plus d’enfants diagnostiqués "hyperactifs", comme s’il s’agissait d’une maladie galopante de civilisation. Si l’hyperactivité des enfants existe bel et bien, il convient pourtant d’utiliser ce terme avec précaution.


Le TDAH (Trouble Déficit d’Attention Hyperactivité) est un problème complexe qui concerne une minorité d’enfants - entre 3 et 7% - (Source : TDAH France) et présente des troubles associés (dyslexie, dysorthographie, troubles du sommeil…). Bien plus nombreux sont les enfants agités qui exaspèrent parents et enseignants, transfèrent leur agressivité sur leurs camarades et s’avèrent incapables de rester en place.

Derrière les plaintes fréquentes des parents face à l’agitation de leur enfant, ne faudrait-il pas y voir plutôt le signe d’une tolérance moindre vis-à-vis d’un des besoins essentiels de l’enfant qui est celui de se mouvoir sans contrainte ? Si ce besoin de mouvement est relativement bien accepté à la maternelle, dès l’école élémentaire, l’enseignant attend de l’enfant qu’il reste sagement assis sur sa chaise toute la journée. Or lorsqu’un enfant fait l’effort de se concentrer pendant une certaine durée, il a besoin d’un sas de décompression pour libérer l’énergie qu’il a contenue pendant plusieurs heures. Rappelons que l’enfance représente une période de croissance pendant laquelle l’enfant explore la découverte de son corps et intègre l’acquisition de sa motricité. Rester assis sans bouger représente donc pour lui autant un effort qu’un comportement antinaturel.

Hyperstimulation et exigences accrues

Par ailleurs, les enfants comme les adultes n’échappent pas à l’hypersollicitation qui caractérise nos modes de vie actuels. Dès leur plus jeune âge, les enfants utilisent allègrement les tablettes numériques, le téléphone portable, les réseaux sociaux... Soucieux de leur future réussite, les parents n’hésitent pas à anticiper sur les programmes scolaires en leur proposant des cours de soutien et des cahiers de vacances dès leur plus jeune âge. On attend des enfants qu’ils soient brillants, vifs, avides de connaissances et performants. Or cette hyper sollicitation intellectuelle prévaut souvent sur la fonction motrice. Une récente étude australienne reprise par la Fédération Française de Cardiologie affirme d’ailleurs qu’en l’espace de 40 ans, les enfants ont perdu 25% de leurs capacitéscardiovasculaires. Et quand ils font du sport, en dehors de l’école, ils doivent bien souvent respecter des règles imposées et satisfaire là encore à des objectifs de performance.

Si l’on ajoute le temps passé devant la télévision (qu’elle serve ou non de baby-sitter), les jeux vidéo au détriment de l’activité sportive, il n’est pas très étonnant que de nombreux enfants soient aujourd’hui tendus, nerveux et agités. Les emplois du temps surchargés ne laissent plus de place à l’ennui et à la rêverie qui permettent de décompresser, de créer et de se recharger. Des temps de concentration trop longs, la pression parentale et des sollicitations multiples se traduisent par une accumulation de tensions dans le corps qui, à un moment donné, devront être évacuées pour restaurer l’équilibre. Si par ailleurs, le sommeil n’est pas récupérateur et que les enfants ont l’impression qu’on leur demande plus qu’ils ne peuvent donner, la tension devient trop forte. C’est alors l’épuisement nerveux et émotionnel qui les guette.

Proposer des espaces de décompression physique

Comment restaurer cet équilibre physique et mental mis à mal ? En laissant aux enfants des espaces de décompression leur permettant de gesticuler à leur guise. Quand ils sortent de l’école, il pourrait être judicieux de les laisser faire ce qu’ils "veulent" (sauter, taper sur un coussin, courir dans tous les sens…) pendant 10 à 15 minutes afin qu’ils puissent décharger leurs tensions. Une fois ce moment de décompression passé, il leur sera ainsi beaucoup plus facile de canaliser à nouveau leur énergie pour les mettre à leurs devoirs, par exemple. Habituer les enfants à marcher davantage, les amener à la piscine et leur proposer d’aller se défouler à vélo plutôt que devant un jeu vidéo… autant d’actions concrètes et faciles à mettre en œuvre pour donner plus de place à l’activité physique dans la vie quotidienne.

Dans les cours de récréation, il serait peut-être également souhaitable de réhabiliter certains jeux individuels et collectifs (corde à sauter, balle au chasseur, jeu de l’élastique, foot…) qui permettent de se défouler de manière ludique.

En permettant aux enfants de se réapproprier leur corps et de canaliser leur énergie, la sophrologie fait partie, à ce titre, des techniques particulièrement adaptées pour aider les enfants agités à retrouver leur équilibre.

Tenir compte des besoins et des limites de l’enfant en fonction de son âge, trouver le juste équilibre entre repos et activités et offrir des espaces de décompression physique permettrait aux enfants de s’épanouir harmonieusement sans pour autant les épuiser.