Autorité : quelles règles doit-on fixer à un enfant ?

Pour que les règles soient respectées, il faut d’abord les déterminer. Le Dr Gilles-Marie Valet conseille les parents sur les règles à instaurer.

Il ne s’agit pas, bien sûr, d’établir noir sur blanc la liste de tout ce qui sera autorisé et interdit (elle ne pourra jamais être exhaustive), mais plutôt d’avoir en tête les grands principes de ce qui nous paraît indispensable pour que le fonctionnement de la famille soit harmonieux, pour que les valeurs culturelles, sociales ou éthiques qui lui sont propres soient respectées.
Pour se développer harmonieusement et sans angoisse, l’enfant a besoin de s’appuyer sur des règles sécurisantes. À bord de son véhicule, le conducteur qui découvre son chemin a besoin de signaux pour savoir quand tourner à gauche ou à droite, à quel moment il doit s’arrêter ou dans quelle direction aller. Il s’appuie pour cela sur les panneaux de signalisation, les feux rouges ou les indications qu’on lui a fournies. Si ces repères étaient flous ou changeants il aurait vite tendance à se sentir perdu, à s’inquiéter… En l’absence de ceux-ci, comment continuer d’avancer et ne pas paniquer ? Les règles sont pour les enfants des repères qui vont les sécuriser et leur permettre de bien grandir. Encore faut-il qu’elles soient cohérentes et stables.
Des principes sont cohérents lorsqu’ils s’associent les uns aux autres de façon complémentaire pour permettre un fonctionnement compréhensible et logique auquel l’enfant peut se référer ; ils se distinguent également par leur stabilité, c’est-à-dire par le fait qu’ils ne vont pas changer sans raison, ou en fonction du seul désir des parents. Ces règles de vie, en fonction du contexte, acquièrent ainsi un caractère prévisible qui permet à l’enfant d’anticiper dans une certaine mesure les conséquences de ses paroles ou de ses actes. C’est l’existence au quotidien qui permet l’élaboration des règles ; le cadre
de vie dans lequel évolue l’enfant est l’expression concrète de ces règles et de ces limites. Plusieurs critères en dessinent les contours, en fixant des repères temporels, des limites spatiales ou des références éducatives. Le cadre temporel va s’établir en fonction de la régularité des heures des repas, du lever et du coucher, des horaires de retour de l’école… avec les variations possibles liées aux week-ends, aux vacances, aux sorties avec les copains. Cela contribue d’ailleurs à l’assouplissement des cadres horaires – sans forcément les remettre en question si la régularité prime sur l’exception. Si la règle est flexible, elle peut s’adapter aux conditions particulières tant qu’elle reste cohérente avec le bien de l’enfant et de sa famille et ne répond pas au seul critère des humeurs ou du désir tout-puissant du parent, car de telles variations peuvent favoriser chez l’enfant un sentiment d’insécurité.
L’environnement géographique est représenté par les différents lieux dans lesquels évoluent l’enfant et sa famille, en fonction de ce qui peut légitimement s’y passer. À la maison, où se distinguent les lieux de vie commune (salle à manger ou cuisine), de vie privée (espace ou chambre des parents, des enfants) et de vie intime (salle de bains, toilettes), mais également dans les autres endroits où l’on est amené à se rendre plus ou moins fréquemment (chez les grands-parents ou les amis), et où les règles de fonctionnement peuvent différer.
Enfin, le cadre culturel et éthique s’élabore de manière implicite, en fonction de ce qu’il est permis ou interdit de dire ou de faire, selon les codes et les coutumes familiales, ou les rites religieux.
Il s’agit donc de règles claires, c’est-à-dire facilement compréhensibles par l’enfant en fonction de son âge ; concrètes, c’est-à-dire liées aux activités et aux instants de la vie quotidienne ; constantes et conséquentes, c’est-à-dire permettant de comprendre que son acte a des conséquences sur soi, sur les autres ou sur l’environnement. Ainsi, au gré des expériences, on pourra préciser ce qui se dit ou non, ce qui se fait ou pas, en fonction de critères comme « c’est bon pour grandir », « cela rend triste ou joyeux », « ça peut te faire mal » – autant de remarques faisant référence à des valeurs humaines (respect de soi et des autres, bonne santé, plein épanouissement…). C’est sur ces bases que repose l’autorité des parents. Or, plus elles seront stables et établies précocement dans la vie de l’enfant, plus ce dernier aura de facilité à s’y conformer.

En savoir plus : "Se faire obéir sans (forcément) punir" du Dr Gilles-Marie Valet, aux éditions Larousse.