Du bon usage des tests d'intelligence

Après un test d'intelligence passé pour détecter la "précocité de votre enfant", vous vous demandez comment interpréter les résultats ? Éclairages d'Arielle Adda.

On aurait tendance à penser qu’un test, étant une mesure objective et scientifique, se suffit à lui-même par les chiffres qu’il fournit. Or, de nombreux parents se trouvent tout aussi perplexes et démunis face à ces chiffres qui ne leur apportent pas les informations qu’ils en attendaient.

Ces nombres, ces abréviations, ces pourcentages et, parfois, ces « âges mentaux » attribués à chaque item leur donne le tournis : leur enfant continue à mal travailler, il n’a toujours pas d’amis, il n’est pas bien. Le savoir plus doué que la moyenne procure un bref réconfort, sans plus. 

«Et maintenant, que fait-on ?»  est la question le plus souvent posée : ces feuillets et les commentaires qu’ils contiennent ne constituent pas le guide qu’on espérait.

Les résultats ne sont pas souvent donnés  uniquement sous cette forme apparemment cryptée : les comptes rendus sont explicites, mais, parfois, l’ensemble ne donne pas toutes les clefs espérées.

Il convient, tout d’abord, de savoir déchiffrer tous ces résultats : nous parlerons du WISC  IV puisque c’est le test le plus souvent utilisé.

Il se compose de 4 échelles dont la moyenne statistique donne un dernier chiffre : celui de l’échelle complète ; s’agissant des enfants doués, on dit souvent qu’il n’était pas possible de calculer cette échelle complète à cause de la disparité des notes.

Cette hétérogénéité doit être prise en compte quand il s’agit d’une différence importante entre l’échelle verbale et le raisonnement perceptif, elle est moins significative de l’intelligence s’agissant de «Vitesse de Traitement». On ne peut pas dire «votre enfant n’est pas ‘‘précoce’’» uniquement parce qu’il obtient une note affligeante à cette dernière échelle.

Jean Charles Terrassier se plaît à dire qu’un enfant qui obtient une bonne note à cette échelle n’est peut-être pas doué, tant cette réussite est inhabituelle. C’est, bien entendu, une plaisanterie qui réjouit les psychologues toujours surpris de voir certains enfants dotés d’une admirable vélocité de la pensée soupirer, rêver, donner toutes les marques d’une souffrance accablante et travailler au ralenti quand il s’agit de copier des signes enfantins durant deux minutes qui doivent leur sembler deux heures.

Ce graphisme calamiteux sert d’ailleurs parfois d’argument pour refuser un saut de classe. On ne doit alors pas hésiter à faire appel à un graphothérapeute pour remédier à ce défaut rédhibitoire et surtout pour dédramatiser cette difficulté à tracer de belles lettres d’une main encore trop enfantine et lente alors que la pensée va si vite.

A l’opposé, à l’Echelle Verbale, il n’est pas rare que l’enfant doué atteigne ou même dépasse la note la plus élevée obtenue par les enfants de sa classe d’âge. Il n’était pas possible de rendre le test encore plus sélectif, trop peu d’enfants parvenant à ces résultats.

Il ne s’agit pas d’un accident, ce n’est pas parce qu’un enfant entend manier la langue avec aisance autour de lui qu’il aura une note élevée : tous les enfants plongés dans un entourage où domine le verbe n’atteindront pas ces notes. D’ailleurs, on en voit qui, horrifiés d’entendre massacrer une langue qu’ils s’efforcent, dès leur tout jeune âge, de manier avec élégance, corrigent leurs parents.

Ce n’est pas une dextérité de perroquet comme on affecte de le faire croire, mais un réel talent pour exprimer sa pensée dans toute sa subtilité : l’humour va de pair avec cette adresse.

La recherche d’esthétique commence tôt et s’applique à tous les domaines, en particulier au langage.

Les résultats  au ‘’Raisonnement Perceptif‘’ sont beaucoup plus aléatoires.

Si la note aux «Cubes» est plus faible, cette chute peut indiquer des difficultés à se représenter mentalement une situation, avec les conséquences qu’on imagine en mathématiques.

Les enfants intelligents savent composer avec leurs faiblesses, elles n’apparaissent donc pas rapidement et c’est seulement au collège qu’ils commencent à peiner, au grand étonnement de leur entourage.

Cette difficulté spécifique doit être prise en compte, elle ne disparaît pas d’elle-même. Différentes techniques s’y attaquent : rééducation psycho motrice, si elle est assortie de maladresse dans les gestes, gestion mentale pour apprendre à se former d’efficaces représentations mentales afin de mémoriser des leçons, d’organiser ses connaissances, d’élaborer les plans d’un devoir.

Des enfants particulièrement émotifs peuvent échouer aux «Cubes» parce qu’ils ne parviennent pas à placer rapidement un cube dans la position qui convient : ils s’affolent, manipulent ces cubes sans plus de sens critique ni de raison et c’est la catastrophe. Ils constatent lucidement ce désastre, perdent courage, mais ils ne présentent pas de réelles difficultés d’orientation dans l’espace. Parfois, il s’agit d’une mauvaise coordination occulo motrice, qui peut également être prise en considération en motricité ou à la suite d’une consultation avec un ophtalmologue qui cernera plus précisément le problème.

Une note plus faible aux «Cubes» ne doit jamais être prise à la légère, ce qui ne signifie pas qu’elle indique forcément une réelle faiblesse, si tant est qu’une émotivité trop perturbatrice n’en est pas une.

Quant aux deux autres items, les enfants doués risquent de ne pas donner toute leur mesure : habitués à trouver rapidement les réponses, ils ne songent pas à approfondir leur réflexion, ils se sentent alors vite perdus et donnent une réponse au hasard, ou bien ils ont la sensation de ne plus savoir comment diriger leur raisonnement, puisqu’il n’a pas fonctionné comme à l’habitude, c'est-à-dire sans grand effort de leur part.

Les résultats à la Mémoire de Travail sont parfois un peu faibles : les enfants doués retiennent avec tant de facilité des données qui ont un sens qu’ils se fient à cette qualité et ne songent pas à faire appel à des techniques de mémorisation, ils échouent donc très vite, à leur grand étonnement d’ailleurs.

Certains y voient un défi qu’il serait plaisant de relever, leurs résultats sont alors remarquables.

Cette présentation a peut-être semblé austère et inintéressante à beaucoup, mais j’ai été incitée à l’écrire par le nombre considérable d’appels demandant des éclaircissements à propos des tests.

Puissent les lecteurs y trouver comment comprendre encore mieux les enfants doués aux mille facettes scintillantes et qu’on ne saurait donc réduire à de simples chiffres, si élevés soient-ils.

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