AVS : Six petits tours et puis s'en vont

Elles sont, par milliers, les petites mains de l'Education nationale. Accompagnant un ou plusieurs élèves, selon les besoins. Tellement essentielles. Pourtant, au bout de 6 ans, on les jette. Comme un kleenex usagé.

Des tâches précises

Les AVS - Auxiliaires de Vie Scolaire - interviennent en milieu scolaire. A l'école primaire, au collège ou au lycée. Elles travaillent de concert avec les enseignants, en aidant les élèves porteurs d'un handicap à prendre des notes, se déplacer ou toute autre action qu'ils ne peuvent effectuer seuls. Leur rôle n'est pas d'enseigner.
Une AVS collective exerce dans une classe composée d'enfants ayant besoin d'être aidés. Une AVS individuelle est attachée à un seul enfant qu'elle accompagne de cours en cours. Ce sont les CLIS - Classes d'Intégration Scolaire - et les ULIS - Unité Localisée d'Inclusion Scolaire - qui, selon les textes officiels, les emploient afin "d'aider à l'intégration individualisée des élèves handicapés". Un enfant handicapé non pourvu d'AVS peut être empêché de scolarisation.

Un quotidien peu reconnu

Les AVS bénéficient du calendrier scolaire, mais les AVS collectives sont à la disposition du chef d'établissement et effectuent des journées administratives en supplément. Même si cette chronique est rédigée au féminin, elles sont parfois des hommes. Toujours selon les textes, elles bénéficient d'un accompagnement personnalisé et d'aides à la formation. Les mêmes thèmes sont proposés d'une année sur l'autre, mais encore faut-il que le planning de formation arrive jusqu'à l'établissement. Théoriquement, grâce à la VAE, elles peuvent faire valider leur expérience, la compléter et tenter des concours, en particulier ceux d'aide médico-psychologique ou de moniteur éducateur ou des concours administratifs de la fonction publique, sans le moindre rapport avec leur activité.
En reconnaissance de leur nécessaire présence, leur est généreusement versé un salaire au niveau du SMIC. Et cerise sur le gâteau, elles bénéficient d'un contrat de non titulaire, à mi-temps ou à 80 %, soit 32 heures hebdomadaires. Ils sont renouvelables chaque année, pour une durée de 6 ans au maximum. Au bout de cette période, leurs compétences sont mises au rebut tandis que des familles se désespèrent.

L'expérience de Céline

«Dans mon collège, j'assure un rôle d'éducatrice et d'accompagnatrice : j'apporte une aide en fonction des besoins de l'élève, j'explique et je reformule les consignes, je soutiens son attention, sa motivation, je veille à la mise au travail, je favorise son autonomie au sein du collège, je l'aide à se repérer dans les locaux, à connaitre les différentes personnes présentes dans le collège.
J'assure un rôle de médiatrice. Je fais en sorte que l'élève se sente bien dans le collège pour qu'il puisse aller vers les autres, je l'écoute et je développe les relations entre les élèves.
Les AVS sont répartis dans de nombreux établissements, il n'existe pas de réunion plénière sur le Val d'Oise où nous pouvons tous nous retrouver. Chacun essaye de trouver des solutions pour sa propre situation. Il est très facile de nous "manipuler" car la majeure partie des AVS sont aussi des personnes en grande difficulté. C'est aussi un public fragile qui n'offre pas de grosses résistances à tous ces changements.
Depuis que je suis AVS, il est question de "professionnalisation" du métier, on nous avait même parlé d'un diplôme mais toujours rien.
Je trouve dommage de pas reconduire les contrats des AVS, leur expérience accumulée durant toutes ces années qui s'envole alors que d'autres vont être recrutés sans aucune expérience (comme moi au départ d'ailleurs !!). C'est un vrai gâchis humain tant pour les AVS eux-mêmes mais aussi pour tous ces jeunes que nous accompagnons quotidiennement.»

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