"Pourquoi mes enfants iront (ou pas) à l'école"

Comme Hélène, de nombreux parents refusent d'emmener leurs enfants à l'école. D'autres, comme Claire, n'auront pas le choix que de retourner travailler. Quant à Sandrine, en garde alternée, elle doit avant tout se mettre d'accord avec son ex-conjoint. Trois mamans nous expliquent ce qu'elles comptent faire pour la rentrée, et comment elles vont s'organiser. Témoignages.

"Pourquoi mes enfants iront (ou pas) à l'école"
© 123RF / Dmitrii Shironosov

La retour à l'école après plusieurs semaines de confinement s'avère bien particulier et inquiétant pour les parents. Par crainte d'une nouvelle épidémie ou pour la santé de leur enfant, certains parents refusent catégoriquement d'envoyer leurs petits à l'école. D'autres, à l'inverse, restent confiants ou n'ont tout simplement pas le choix : ils doivent retourner travailler. Nous avons interrogé trois mamans qui nous expliquent leur choix.

"Mon fils ira à l'école maternelle le 11 mai"

Claire* a deux petits garçons, l'un est en grande section et l'autre n'est pas encore en âge d'être scolarisé. Le 11 mai, l'aîné reprendra le chemin de l'école. "Augustin* va retourner à l'école, et Gaspard* ira chez son assistante maternelle. Nous n'avons pas vraiment le choix, car je suis infirmière libérale et mon conjoint est directeur d'une école primaire"Le couple ne souhaite pas non plus faire appel aux grands-parents par crainte de les contaminer. "C'est donc par défaut. On ne le fait pas par choix, on le fait parce que nous avons deux métiers qui ne nous permettent pas de les garder à la maison", nous explique cette jeune maman, qui a continué à travailler pendant le confinement, comme le père de ses enfants. Si Claire aurait préféré faire autrement, elle n'est pas particulièrement apeurée à l'idée que son fils retourne en classe. "Je ne suis pas vraiment inquiète, parce que j'ai envie de faire confiance à l'Éducation nationale et à tout ce qu'elle va mettre en place. Je vois mon compagnon passer ses journées à réorganiser complètement le fonctionnement de l'établissement. Je sais donc que beaucoup de mesures vont être prises, que ce ne sera pas si mal et qu'ils vont faire de leur mieux", précise-t-elle. Pour cette infirmière, l'essentiel est de prendre des précautions, de porter des masques et de respecter les gestes barrières, pour se protéger. Pour le moment, Claire ne sait pas encore comment l'école d'Augustin va organiser le retour des élèves. Elle a reçu un e-mail de la directrice de l'établissement, demandant aux parents de lui indiquer s'ils emmèneraient leurs enfants à l'école ou s'ils les garderaient à la maison. "Nous lui avons dit que notre fils irait à l'école, et que nous n'avions pas la possibilité de le garder avec nous de part nos métiers. En revanche, il n'ira que sur nos jours de travail. Je ne suis pas à plein temps, donc quand je ne travaillerai pas, il restera à la maison", précise Claire.

Le casse-tête des parents séparés

Pour Sandrine, maman de deux enfants scolarisés en primaire, il est difficile de prendre ce genre de décision seule en tant que parent. "Même si je veux garder mes enfants à la maison, je dois voir avec leur père ce qu'il compte faire pendant sa semaine. Autrement, on prendrait le risque de les renvoyer à l'école une semaine sur deux, cela ne servirait à rien". D'autant qu'il faut s'arranger avec son employeur, et que le chômage partiel ne sera plus valable pour les parents qui n'ont pas d'attestation de l'école à partir du 1er juin. Et puis, il y a aussi l'envie des enfants de retourner à l'école. "Je ne me vois pas dire à mes fils qu'ils vont continuer l'école à la maison, alors que tous leurs copains se voient en classe, excepté eux Sandrine préfère donc sonder les parents (et son ex-conjoint), et attendre de voir quelles mesures sanitaires seront mises en place dans l'école de ses enfants.

"Mes enfants ne retourneront pas à l'école"

Hélène* est maman de deux enfants : Paul*, qui est en cinquième, et Louise*, qui est en première générale. Cette Parisienne a décidé de ne pas laisser ses enfants retourner à l'école dès la réouverture des établissements scolaires. "J'ai peur de la deuxième vague de Covid-19 qui pourrait arriver. Comme on a le choix, j'ai préféré décider que mon fils ne retournerait pas au collège le 18 mai. En tant que maman, je ne suis pas rassurée, et ce qu'il se passe au Royaume-Uni m'inquiète", explique-t-elle, en faisant référence aux cas d'enfants ayant développé des syndromes inflammatoires graves, proches de la maladie de Kawasaki. Pour autant, les collèges ne devraient pas rouvrir dans la capitale si la zone reste dans le rouge. Elle ajoute qu'elle-même a ce qui lui semble être une bronchite, et que, dans le doute, elle ne préfère pas envoyer ses enfants à l'école. Le fait que le gouvernement ait rendu obligatoire le port du masque pour les collégiens, ne la rassure pas pour autant, indique-t-elle. Quant à sa fille, elle est scolarisée en temps normal au lycée Rabelais à Paris, mais à cause d'une tempête, il a été fermé en février pour vétusté, pour des raisons de sécurité. Les lycéens ont été répartis dans différents établissements d'Île-de-France, et les parents ne savent pas encore comment cela va se passer exactement avec le déconfinement. "Vu la situation, ils vont certainement continuer à prendre des cours en ligne, donc cela ne changera rien". Les enfants d'Hélène sont bons élèves, et elle ne craint pas que cela impacte leur scolarité s'ils continuent l'enseignement à distance : "Paul fait partie des meilleurs de sa classe. Les moyennes de mes enfants n'ont pas baissé depuis le début du confinement et de l'école à la maison". Côté organisation, cette maman ne craint pas que le fait de retourner au travail bouleverse l'organisation de l'enseignement à distance. Étant en train de créer son auto-entreprise, elle travaille à domicile : "Nous avons le matériel informatique qu'il faut, et je serais là pour surveiller qu'ils font bien leur travail scolaire".

* Tous les prénoms ont été modifiés