Les maires d'Ile-de-France souhaitent reporter la rentrée

Plus de 300 maires d'Ile-de-France demandent à Emmanuel Macron de reporter la rentrée des classes à une date ultérieure au 11 mai.

Les maires d'Ile-de-France souhaitent reporter la rentrée
© Cathy Yeulet

[Mise à jour du 4 mai à 11h39]. 316 maires d'Ile-de-France ont adressé une lettre à Emmanuel Macron ce dimanche, pour demander de repousser la date de réouverture des écoles, après le 11 mai. Ils estiment en effet que le protocole sanitaire qui a commencé à circuler auprès des communes qu'à partir du 2 mai, est difficile à appliquer en si peu de temps. "Tout cela ne s'improvise pas du jour au lendemain" précisent-ils. D'autant que le calendrier progressif, selon le niveau des élèves a finalement été modifié et que les maires ne savent pas encore quels seront les enseignants disponibles le jour du retour à l'école. "Nous ne saurons que le 7 mai, à la veille d'un week-end de trois jours précédant la rentrée annoncée, si nos départements sont officiellement classés en zone rouge. Enfin, nombreux sont ceux qui n'ont pas encore d'informations sur les enseignants qui seraient disponibles pour nos écoles, sur le nombre d'animateurs qui pourront être disponibles pour le périscolaire, ni même des effectifs des élèves à accueillir. Nous recevons par ailleurs des instructions pour donner une dimension culturelle et civique au périscolaire". Par ailleurs, les maires d'Ile-de-France ne souhaitent pas porter la responsabilité juridique, politique et morale de la réouverture des écoles. Aussi, ils demandent au gouvernement de s'assurer que toutes les conditions soient réunies, et "de prioriser clairement les enfants qui pourront/devront reprendre le chemin de l'école en Île-de-France en tenant compte du contexte familial de chaque enfant et en suivant un impératif de justice et d'équité". Ils réclament les moyens financiers suffisants pour mettre en oeuvre le protocole sanitaire. 

En réponse, le gouvernement a tenu à rassurer les maires. "On va regarder au cas par cas , avec les préfets, avec les maires... Nous ne voulons brusquer personne", a déclaré l'Elysée, après la lettre envoyée par les maires.

D'autres maires de France refusent d'ouvrir leurs écoles

Joël Wilmotte (LR), maire d'Hautmont, dans le Nord, a annoncé qu'il n'autoriserait pas la réouverture des écoles le 11 mai. Il a fait part de sa décision quelques jours après que le maire de Saulce-sur-Rhône, Henri Fauqué, ait annoncé avoir pris un arrêté pour empêcher la réouverture des établissements scolaires publics de sa commune. "Dans ma ville de 15 000 habitants, comme sur les réseaux sociaux, la décision a été saluée par tous. Les personnes ont bien compris que la décision n'était pas prise pour les ennuyer, mais pour des raisons de santé. Environ 1 500 enfants de maternelle et de primaire sont concernés. En l'état, je n'ai aucun moyen de leur garantir que les mesures d'hygiène seront suffisantes pour rouvrir ces écoles à ces petits enfants à cette date. N'oublions pas, il reste 6 jours ouvrés avant le 11 mai, c'est tout simplement mission impossible", explique Joël Wilmotte, cité par LCI. Cet arrêté municipal précise que la taille des locaux ne permet pas de garantir la distanciation sociale, et qu'il n'y a pas assez de lavabos pour le lavage de mains. Il explique pourquoi il n'a pas attendu la prise de parole d’Édouard Philippe qui doit présenter son plan de déconfinement ce mardi 28 avril : "Les sondages montrent que plus de la moitié des parents n'enverront pas leurs enfants à l'école. D'autres indiquent qu'un nombre conséquent de professeurs vont exercer leur droit de retrait, qu'il faudra trouver d'autres activités, du sport, des jeux ludiques, pour remplacer la classe. A quoi bon faire revenir les enfants dans de telles conditions ? Nous voyons bien ce qu'il va probablement se passer, et en plus, on fait prendre des risques à des personnes pour rien. Avertir les parents le 24 avril que les écoles ne rouvriraient pas, c'était aussi leur permettre de s'organiser." Tandis que le préfet de la Drôme a demandé à son homologue de Saulce-sur-Rhône de retirer son arrêté, celui du maire d'Haumont ne fait pour l'instant pas l'objet de la même procédure.

Que recommandent les maires de France sur le retour à l'école ?

Dans un communiqué du 21 avril, l'Association des maires de France avait livré ses recommandations sur la réouverture des écoles. Un retour à l'école pour tous équitablement ? Les maires sont contre, comme la plupart des parents. Ils préconisent une rentrée scolaire privilégiée pour "des enfants déconnectés de l'école depuis le début du confinement ou issus des familles rencontrant des difficultés, sans pour autant entrer dans un processus de discrimination et de stigmatisation, ceux n'ayant pas d'accès au numérique et ceux dont les parents ne peuvent pas télétravailler". Pour les enfants de parents fragiles, ceux "dont les parents sont en situation de handicap sévère ou atteints de maladies chroniques", il serait préférable de "poursuivre dans la mesure du possible leur activité scolaire à distance" précise l'AMF. Cela vaut aussi pour les enfants placés en crèches.

Pas d'obligation de retour à l'école

Les familles "qui ne souhaiteraient pas que leurs enfants réintègrent l'école" doivent être libres de ne pas le faire, estiment les maires de France. Et ce sans condition de santé, mais sur le simple "principe du volontariat". Les maires de France résument qu'avec cette disposition, "aucun enfant ne sera contraint, dans ces circonstances, de retourner à l'école". Idem pour les crèches. Ne pas obliger les familles à remettre les enfants à l'école permettrait en outre de limiter encore davantage le nombre d'élèves par classe.

Pas plus de 10 élèves par classe, 5 enfants en maternelle

Contrairement à la recommandation du ministre de l'Education d'organiser des petits groupes de 15 élèves au maximum, les maires estiment qu'un maximum de 10 élèves serait plus raisonnable. Concernant les maternelles, ils préconisent des groupes ne dépassant pas cinq enfants. Par ailleurs, avant de rouvrir, des réunions avec tous les membres de l'équipe éducative seront nécessaires pour être au point sur les mesures sanitaires à mettre en place. Pour les crèches, les équipes devront également être informées des consignes lors d'une journée pédagogique. Enfin, l'AMF s'interroge sur la continuité de la gratuité des crèches pour les enfants dont l'un des deux parents figure sur la liste promulguée par le ministère des Affaires sociales. 

Utiliser les salles communales pour favoriser les distance sociales

Pour favoriser les distances sociales, en réponse à des espaces scolaires ou périscolaires souvent trop petits, les maires proposent de mettre à disposition, là où c'est possible, des salles communales ou d'équipements sportifs extérieurs. Ils notent, pour de nombreuses communes : "les capacités limitées des locaux scolaires, périscolaires, de restauration ou des crèches". Et pour les transports ? L'AMF demande au gouvernement de prévoir la réinstallation des transports scolaires en amont de la réouverture des écoles. Et de prévoir le nombre de personnes autorisées selon le type de véhicule, de donner les moyens de désinfection des bus scolaires et d'établir de manière générale toutes les normes de sécurité sanitaires. Le communiqué note que le "port d'un masque et éventuellement de gants par les enfants et le conducteur, augmentation éventuelle du nombre de rotations", seront éventuellement nécessaires.

Consignes sanitaires et masques

L'AMF réclame des consignes plus précises sur la question de la désinfection et le nettoyage des locaux d'écoles, de crèches et de lieux périscolaires : "il faudra définir les consignes sanitaires précises : produits à utiliser, précautions à prendre. Et le matériel indispensable pour la désinfection des locaux." Avec une collaboration des médecins attachés aux établissements. Sur la question des masques, les maires de France demandent que soit établi un "cadre national précis". Les consignes sanitaires pour les parents qui se rendront à l'école, les fournitures sanitaires, notamment les masques pour le personnel et les enfants doivent être établis de façon plus claire. Ils demandent que l'accès des parents aux locaux scolaires soit interdit, notamment dans les écoles maternelles

Comment gérer les cantines ?

Au sujet des repas, l'AMF souligne "à moins que l'école n'accueille les enfants en demi-journée, la réouverture des écoles induira la reprise d'activité de l'ensemble des cantines scolaires." Elle demande une précision au gouvernement à ce sujet, afin de savoir ce qui est prévu pour gérer les livraisons et distancier les enfants au cours des repas. Si les cantines ne rouvraient pas, l'AMF précise que "les familles devront fournir des paniers repas, dispositif déjà mis en œuvre par une partie des communes organisant actuellement l'accueil des enfants prioritaires." Elle appelle aussi le gouvernement à être vigilant sur la qualité et la possibilité de financer ces repas pour les familles. 

Sorties scolaires et kermesses, en septembre

Enfin, concernant les sorties scolaires et les fêtes de fin d'année, les maires ont fait leurs propositions. "Il serait préférable d'organiser de façon exceptionnelle des kermesses de rentrée", en septembre donc, et non en mai ou juin comme traditionnellement. Natation, bibliothèque, classes de découvertes… Les maires les déconseillent et demandent au gouvernement d'émettre des "consignes claires quant à l'impossibilité de les autoriser".