Stéréotypes à l'école : des cours de récré "non genrées"

Après Trappes, dans les Yvelines, Rennes, Grenoble, Montreuil et Bordeaux, Lyon compte doter ses cours de récréation dans les écoles de maternelle et de primaire d'espaces de jeux diversifiés permettant aux filles et aux garçons de jouer ensemble.

Stéréotypes à l'école : des cours de récré "non genrées"
© 123RF / lopolo

[Mise à jour du 12 octobre à 17h30]. La cour de récréation semble être un lieu propice de la séparation des sexes à l'école et non un espace de cohabitation comme elle devrait l'être. En effet, une enquête de l'Unicef France, publiée en novembre 2018 et menée auprès de plus de 25 000 enfants de 6 à 18 ans, montre que les garçons prennent leurs quartiers au centre de la cour de récré, tandis que les filles ont tendance à rester en petits groupes sur les côtés. Selon l'étude, "les jeux de garçons" (jeux de ballon, de guerre, courses...) occuperaient quasiment toute la place dans la cour de récré, laissant "les jeux de filles" (élastiques, cordes à sauter...) à la périphérie. Or, en laissant les garçons s'approprier la plus grande partie de la cours, et notamment son centre, les filles doivent se contenter du reste et rester en marge. En modifiant l'aménagement des espaces récréatifs, ce sexisme précoce va pouvoir être déconstruit et la cours de récré devenir un lieu plus inclusif. 

Trappes et Rennes, deux futurs modèles d'écoles non-genrées

Plusieurs villes ont ainsi suivi le modèle de Trappes, dans les Yvelines, qui a décidé de lutter contre les stéréotypes de genres, C'est le cas de Rennes qui souhaite mettre en place, d'ici 2023, "des espaces de jeux diversifiés, appropriables par tous (non 'genrés') et participant au bon climat scolaire", d'après une délibération du conseil municipal. De même, pour permettre aux enfants de jouer (vraiment) ensemble, la ville bretonne souhaite aussi repenser les activités proposées pour en privilégier de "moins genrées", comme le déclare à l'AFP Geneviève Letourneux, conseillère municipale déléguée aux droits des femmes. Enfin, le personnel périscolaire pourrait être formé aux inégalités filles-garçons afin de favoriser les relations sociales entre les sexes, dès l'école.

D'autres municipalités leur ont emboité le pas à l'instar de Bordeaux, Montreuil et Grenoble. La ville de Lyon aspire également à une meilleure mixité des genres. Elle a d'ailleurs récemment annoncé vouloir débloquer un "budget genré" de 700 000 millions d'euros. Une enveloppe inédite qui consistera notamment à s'attaquer aux "secteurs du sport et de l'éducation".

Et les terrains de foot des cours de récré ?

A commencer par des "cours d'école non genrées" précise Stéphanie Léger, adjointe à l'éducation de la nouvelle mairie EELV de la ville. Elle pointe du doigt la présence des terrains de foot dans les cours de récréation et voudrait réorganiser l'espace pour que les garçons n'occupent plus tout le centre pendant que les filles discutent autour. L'idée n'est pas tant d'éradiquer les jeux de ballon que de privilégier les "jeux coopératifs s'adressant aux filles comme aux garçons, mais aussi aux petits comme aux costauds" pour une meilleure mixité entre les élèves et une répartition plus homogène de l'espace. D'autant que, comme le souligne l'adjointe aux finances Audrey Hénocque : "Je ne suis pas certaine que la présence d'un terrain dans la cour soit idéale pour créer des vocations pour le football, et il peut y avoir des discriminations avec les jeux de balles."

L'amitié entre filles et garçons à l'école primaire ne semble pas être une évidence : les enfants de sexe différent n'interagissent et ne jouent que très peu ensemble : ils sont 40% à n'avoir aucun ami du sexe opposé, d'où l'absence de brassage filles/garçons dans la cour de récré. Selon certains garçons, les filles seraient en effet "moins bonnes" dans les activités physiques ou les jeux d'adresse et n'auraient "pas de muscles".