L'orthodontie pour traiter l'apnée du sommeil chez l'enfant

Un mauvais positionnement des dents peut conduire à certains troubles chez l'enfant. La Fédération Française d'Orthodontie livre ses conseils pour dépister et traiter l'apnée du sommeil le plus tôt possible.

L'orthodontie pour traiter l'apnée du sommeil chez l'enfant
© vadik-123rf

[Mise à jour du 12/11/2018]. On a tendance à associer l'orthodontie aux bagues portées à l'adolescence. Pourtant certaines techniques peuvent aussi concerner les enfants de moins de 6 ans, rappellent les experts de la Fédération française d'orthodontie (FFO). En effet, si certains soins nécessitent d'attendre que toutes les dents soient sorties (vers 6 ou 7 ans), il est tout à fait possible d'agir avant cet âge pour corriger des anomalies de la mâchoire par exemple. Ces traitements précoces, ou "de prévention" peuvent être mis en place suite à de mauvaises habitudes. Les orthodontistes invitent les parents à consulter avant 6 ans s'ils repèrent des anomalies. Il suffit d'observer la bouche de son enfant lorsque toutes les dents de lait sont bien installées. Ainsi, en cas de béance dentaire entre les incisives du haut et du bas, d'un décalage entre les mâchoires, d'un manque de symétrie entre le milieu des dents du haut et celles du bas lorsqu'elles sont serrées, ou lorsque l'on constate un manque de place pour l'évolution des dents définitives, il convient de consulter un orthodontiste.

Apnée du sommeil chez l'enfant : quels sont les signes ?

Contrairement à ce que l'on pourrait penser, "le syndrome d'apnées obstructives du sommeil n'est pas réservé qu'aux adultes", rappellent les experts de la Fédération française d'orthodontie (FFO) réunis à Paris ce 12 novembre 2018. Entre 1,2 et 5,7% des enfants âgés de 6 ans sont concernés par ce trouble respiratoire - lié à une mauvaise position des mâchoires - et qui a des conséquences sur leur développement. Difficultés à se lever le matin, hyperactivité, manque d'attention à l'école et baisse des résultats scolaires, sont associés à un manque de sommeil. Mais d'autres troubles peuvent être liés à l'apnée du sommeil comme l'énurésie, des problèmes de poids ou de croissance. "Concrètement, plus le nombre de pauses respiratoires est élevé, plus la sévérité est grande, et chez l'enfant, une apnée par heure est considérée comme étant pathologique", précise le Dr. Claude Bourdillat-Mikol, Coordinatrice de la recommandation professionnelle sur les apnées du sommeil. Par ailleurs, la FFO invite les professionnels de santé à repérer les signes et les symptômes qui ont lieu en journée (obstruction nasale, respiration buccale, hyperactivité, irritabilité et somnolence, cernes), mais aussi la nuit (ronflements et arrêts respiratoires, bruit intense, énurésie et agitations nocturnes). Une fois le diagnostic établi, ils pourront orienter les parents vers un spécialiste du sommeil, un ORL ou un pneumologue. Ces derniers pourront confirmer le diagnostic et proposer en cas de besoin, un traitement orthopédique et fonctionnel des anomalies morphologiques crânio-faciales. 

Comment éviter l'apnée du sommeil chez l'enfant ?

Il est essentiel d'apprendre à son petit à respirer par le nez et non par la bouche, précisent les professionnels de santé ! En effet, "l'absence de ventilation nasale entraîne une insuffisance importante du développement du maxillaire supérieur", précise la FFO. En outre, l'enfant a tendance à garder la bouche ouverte, à baver la nuit, à avoir les lèvres sèches, et son menton est le plus souvent en retrait, ce qui entraîne un trouble de croissance de la mâchoire inférieure... Par ailleurs, la prise en charge de l'apnée du sommeil chez l'enfant commence généralement par l'ablation totale ou partielle des amygdales ou des végétations. Mais cela ne suffit pas toujours. Si le palais de l'enfant est trop étroit par exemple, il faut l'élargir et permettre à la langue de remonter. Il convient aussi de réduire le décalage entre les dents du haut et celles du bas lorsqu'elles sont trop avancées ou reculées. Deux traitements orthopédiques (la disjonction maxillaire et le dispositif d'avancement mandibulaire) permettent alors de faciliter la respiration par le nez et le placement de la langue au palais,et  d'augmenter le diamètre des voies aériennes supérieures. Néanmoins, ces traitements doivent être accompagnés d'un suivi chez l'enfant, qui garde l'habitude de respirer par la bouche, recommande la FFO. "Pour lui apprendre à respirer par le nez, on peut lui faire sentir différentes odeurs", conseillent les spécialistes. La rééducation passe aussi par la respiration (apprendre à se moucher en gardant les lèvres en contact), la déglutition et enfin la mastication, nécessaire à la croissance harmonieuse des maxillaires.

Corriger les mauvaises habitudes à l'origine d'autres anomalies

On s'en doute, le pouce et la tétine modifient considérablement la bouche des enfants. Mais saviez-vous que l'allaitement et la respiration jouaient aussi un rôle sur le développement de la dentition ? Ainsi la tétée au sein (contrairement au biberon) nécessite une gymnastique musculaire intense pour le bébé et l'oblige à ventiler exclusivement par le nez. Lorsqu'il grandit, et au moment de la diversification alimentaire, c'est la mastication qui va permettre à l'enfant de développer des arcades dentaires pouvant par la suite loger les dents définitives. 

Quels sont les autres traitements ?

Les professionnels de santé recommandent des traitements préventifs dès 5 ans, visant surtout à éliminer les mauvaises habitudes. A l'aide d'éducateurs fonctionnels à mettre dans la bouche la nuit par exemple, l'enfant est amené à muscler ses lèvres, et à fermer la bouche pour respirer par le nez. En outre, des orthophonistes peuvent intervenir afin d'apprendre à l'enfant à bien placer sa langue par rapport au palais. D'autres traitements dits "interceptifs" peuvent être réalisés entre 7 et 11 ans, "à la période où cohabitent encore les dents de lait et les dents définitives", précise la FFO. Les appareils utilisés peuvent être fixes ou amovibles, et portés sur une période de 6 à 18 mois selon l'anomalie. "L'objectif est le plus souvent de corriger un décalage entre les mâchoires du haut et du bas ou bien une insuffisance de développement des mâchoires entraînant un manque de place. Grâce à un élargissement de l'arcade, on prépare la place pour les 12 dents définitives qui sortent entre 10 ans et demi et 12 ans", précisent les experts. 

Quelle prise en charge par la Sécurité sociale ?

Il faut savoir que la Sécurité sociale accorde pour chaque enfant de moins de 16 ans six semestres au total de traitements orthodontiques (remboursement à 100%) ainsi que deux années de surveillance (remboursement à 70%) afin de vérifier qu'il n'y ait pas de contention. Attention donc à bien répartir les soins jusqu'à l'adolescence.

En cas d'apnée du sommeil, et à condition d'avoir un diagnostic établit par un ORL ou un pneumologue, la Sécurité sociale octroie une année de traitement supplémentaire. Attention, l'enfant doit être pris en charge dans les 12 mois qui suivent le diagnostic.