Pourquoi le clitoris est-il toujours absent des manuels scolaires ?

Grand absent des manuels de Sciences de la Vie et de la Terre (SVT) au collège et au lycée, le clitoris a "enfin" été représenté et détaillé dans le manuel des éditions Magnard à la rentrée 2017. Cette grande première avait été largement saluée par le collectif SVT Egalité. "C'est à petits pas que les choses avancent, mais elles avancent !", déclarait ce collectif composé de professeurs qui luttent contre les stéréotypes dans l'enseignement. Les enseignants regrettaient néanmoins qu'un seul éditeur ait mis à jour son schéma. Tous les nouveaux manuels (Belin, Bordas, Didier, Nathan, Hachette, Lelivrescolaire) ont "recyclé leurs éternels schémas faux : sans clitoris, ou le mentionnant sans le représenter, ou en le réduisant à un organe de quelques millimètres (alors qu'il en fait 10 en moyenne)", affirmait le collectif.

Une pétition pour mieux représenter le clitoris dans les manuels scolaires

Deux ans plus tard, la situation n'a guère évolué. Le 7 mars dernier, une pétition adressée à Marlène Schiappa et Jean-Michel Blanquer demandait à ce que "l'anatomie du clitoris soit fidèlement représentée, comme un organe faisant partie intégrante de l'appareil génital féminin, et ce dans tous les manuels scolaires de SVT". Cette pétition, lancée à l'initiative de l'association Les Ateliers du Féminisme Populaire a déjà recueilli presque 60 000 signatures, mais a malheureusement reçu une fin de non recevoir de la part du gouvernement.

Les éditeurs des manuels scolaires responsables du contenu

Dans une lettre datée du 15 juillet et publiée sur le compte Twitter "It's not a bretzel", le ministère de l'Éducation affirme n'avoir "ni la vocation ni le droit de prescrire le contenu des manuels scolaires". Le ministère a depuis confirmé au HuffPost l'envoi de ce courrier signé de la main de Christophe Pacohil, le chef de cabinet de Jean-Michel Blanquer. Pour le gouvernement, le message est clair, il n'a pas à exercer d'ingérence dans la rédaction des manuels et précise que "les éditeurs ont entière liberté et responsabilité en ce qui concerne la conception, le choix des auteurs, la rédaction et l'illustration des manuels qu'ils proposent". Christophe Pacohil rappelle également que "les enseignants disposent, de leur côté d'une liberté pédagogique et choisissent eux-mêmes les ouvrages qu'ils souhaitent utiliser. La conformité aux programmes nationaux, la rigueur scientifique, la qualité des textes, des documents et les approches pédagogiques proposées sont généralement les critères retenus par les équipes pédagogiques. Ce choix est ensuite validé par le chef d'établissement." Bottant en touche, le ministère enjoint les autrices de la pétition a contacter les maisons d'édition afin d'échanger sur la question de la représentation du clitoris.