Trop de substances dangereuses dans les crèmes solaires pour enfants !

Les associations Wecf France et Agir l'environnement ont analysé 71 crèmes solaires pour enfants. Elles y ont retrouvé 29 substances préoccupantes dont 10 cancérogènes, neurotoxiques ou perturbateurs endocriniens. Quels sont les meilleurs produits ? Au contraire, lesquels sont les plus toxiques ? Comparatif et conseils aux parents.

Trop de substances dangereuses dans les crèmes solaires pour enfants !
© BlueOrange Studio - 123RF

La composition de 71 crèmes solaires pour enfants, vendues en supermarché, en magasin bio, en pharmacie ou en parapharmacie en France, a été décryptée par deux associations de défense de l'environnement, Wecf France et Agir l'environnement. Le but ? Voir si ces produits présentaient ou pas des risques pour les enfants. Le verdict, dévoilé ce mercredi 1er juillet 2020 dans une grande enquête, n'est pas glorieux : 29 substances préoccupantes ont été retrouvées, dont 10 jugées très préoccupantes comme des substances cancérogènes ou neurotoxiques, des nanoparticules, des substances parfumantes établies comme allergènes et des perturbateurs endocriniens. Dans le détail :

  • Aucun produit n'est exempt de substance problématique pour la santé ou pour l'environnement.
  • 8 produits solaires contiennent un cocktail d'au moins 10 substances problématiques.
  • 3 produits solaires contiennent des nanoparticules alors qu'ils ne le mentionnent pas sur leurs étiquettes : Lait Bébé 50+ Exposition indirecte d'Anthelios, Crème solaire enfant bio très haute protection de Biarritz, Lait Solaire Sun Kids Protect and Play format voyage 50+ de Nivea.
  • 41 produits sur 71, soit plus d'un sur deux, contiennent au moins un ingrédient extrêmement préoccupant qu'il faudrait interdire.
  • Parmi les 29 substances préoccupantes retrouvées dans les produits : 10 sont extrêmement préoccupantes et sont cancérogènes, neurotoxiques, perturbateurs endocriniens ; 7 sont très préoccupantes car ce sont notamment des allergènes par contact ou perturbateurs endocriniens suspectés et 12 sont préoccupantes car elles soulèvent des problèmes sanitaires et environnementaux de moindre envergure.

Les deux associations réclament "une saisine de l'Anses" afin d'évaluer le rapport bénéfice/risque de ses substances, l'interdiction des substances extrêmement préoccupantes (par exemple, ldioxyde de titane nanoparticulaire, l'homosalate...) et des substances parfumantes dans les protections solaires pour enfants ainsi qu'"une enquête de la Répression des Fraudes (DGCCRF) et de l'Agence du médicament (ANSM) portant sur le respect des obligations d'étiquetage des ingrédients nanoparticulaires dans les cosmétiques". 

Crèmes solaires pour enfants : lesquelles sont les plus toxiques ?

Selon le rapport de Wecf France et d'Agir pour l'environnement, certains produits contiennent des substances extrêmement préoccupantes. Parmi ceux qui en contiennent le plus :

Produits solaires Nombre de substances extrêmement préoccupantes Nombre de substances très préoccupantes Nombre de substances préoccupantes
1. Crème confort anti-sable Sun for Kids, SPF 50+ Lancaster 7 3 5
2. Brume invisible application peau mouillée Sun Kids, Lancaster 7 2 4
3. Transparent spray wet skin SPF 50+, Isdin Pediatrics 5 1 2
4. Fusion Fluid Mineral Baby dès 0 mois, Isdin Pediatrics 5 0 1
5. Spray hydratant SPF50 Haute protection Kids, Lovea Spray 4 4 3

Crèmes solaires pour enfants : lesquelles sont les sûres ?

Parmi les produits solaires analysés par les deux associations, en voici 5 qui présentent peu de substances préoccupantes et aucune substance extrêmement préoccupantes.

Produits solaires Nombre de substances extrêmement préoccupantes Nombre de substances très préoccupantes Nombre de substances préoccupantes
1. Crème solaire Acorelle SPF50 0 1 0
2. Sun spray bébé hypoallergénique Alphanova 0 1 0
3. Crème solaire SPF 30 sans parfum Attitude 0 1 0
4. Crème solaire haute protection bio SPF 50 Alphanova 0 1 1
5. Lait enfant Derma Protect SPF 50 0 4 1

Protection solaire : 4 conseils pour les parents 

Concernant la protection des bébés et jeunes enfants du soleil, le premier réflexe est de les protéger par des vêtements couvrants, des lunettes de soleil de qualité ainsi qu'un chapeau, et d'éviter l'exposition aux heures les plus chaudes de la journée. Le Dr Blanchet-Bardon, dermatologue, avait conseillé lors d'une interview accordée au Journal des Femmes, de laisser aux petits un t-shirt, plutôt de couleur foncée, lorsqu'ils jouent sur la plage ou qu'ils se baignent, pour faire écrans aux UV. "C'est la mesure la plus efficace, mais aussi plus économique". En effet, les recommandations officielles de l'OMS ne placent l'application de crèmes solaires qu'en dernière recours. Les deux associations ont émis des recommandations à destination du grand public :

  • Si vous devez utiliser un produit solaire pour enfant, ayez un regard critique sur sa composition et évitez les produits contenant des ingrédients classés extrêmement préoccupants par l'enquête
  • Renouvelez toutes les 2 h l'application d'une crème indice 50 minimum, comme le conseillent les dermatologues, et appliquez une quantité de produit suffisante.
  • Prenez garde aux allégations trompeuses ou fantaisistes parfois présentes sur les emballages telles que "protège l'environnement" ou encore "spray multi-positions" ou "formule anti-tâches" ou "formulé sous contrôle médical".
  • Acceptez qu'une crème solaire puisse laisser une trace blanche sur la peau, a priori gage de l'absence de nanoparticules.
Attention aux UVA ! Les UV B, responsables de l'apparition des coups de soleil, ne sont pas les seuls à induire un risque de cancer de la peau. Comme le rappelle l'Institut national du cancer, on sait aujourd'hui que les UVA, même s'ils sont moins énergétiques que les UVB, y "contribuent autant". Ainsi, ce n'est pas parce que vous ne prenez pas de coups de soleil, que vous ne consommez pas votre capital de résistance aux UV et donc que vous êtes protégé du risque de cancer. Autrement dit, contrairement aux UVB dont les effets sont visibles par les coups de soleil, les UVA ne laissent pas de trace, à court terme, alors qu'ils peuvent avoir des effets négatifs à long terme.

Source : Enquête "produits solaires pour enfants : trop de substances préoccupantes", Wecf France et Agir pour l'environnement, juin 2020