"La France s'en fout" de l'autisme

Seuls 20% des enfants autistes sont actuellement scolarisés. Une situation déplorable dénoncée par la présidente de SOS Autisme, Olivia Cattan.

"La France s'en fout" de l'autisme
© Marja Flick-Buijs

Les personnes autistes "sont déchues de leur nationalité, elles sont privées de leurs droits les plus élémentaires : le droit à l'éducation, le soin". C'est ce qu'a affirmé sur Europe 1, Olivia Cattan, présidente de SOS Autisme et maman d'un petit garçon autiste. Et pour cause, 80% des enfants autistes, soit 250 000 bambins, ne sont pas scolarisés en France. La raison ? Les coûts qu'engendre leur prise en charge. Les parents doivent en effet débourser, une fois que la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH) a versé l'allocation, 3 000 euros par mois. "Qui aujourd'hui peut payer ce tarif ? Il y a une inégalité sociale incroyable. Les familles précaires, les classes moyennes ne peuvent plus payer", déplore Olivia Cattan. Et pour que ça coûte moins cher à la sécurité sociale, les enfants autistes qui ne peuvent pas être pris en charge en France sont envoyés en Belgique. "J'ai demandé au président de la République s'il avait annexé la Belgique dans la nuit. Pourquoi est-ce qu'on se débarrasse de nos enfants ? On les laisse mourir dans des mouroirs, des centres psychiatriques. C'est indigne de la France et d'un pays démocratique", s'est encore agacée la présidente de SOS Autisme.

10 mesures d'urgence pour les enfants autistes. Les parents d'enfants autistes ont le sentiment de ne pas être entendus à tel point qu'ils sont nombreux à se demander s'il fallait "brûler [leurs] cartes d'identité pour se faire entendre". Pour Olivia Cattan, "la France s'en fout, n'écoute pas" même si elle espère toujours que le président de la République "ouvre un grand chantier sur le handicap et plus notamment sur l'autisme". D'ailleurs, l'association s'apprête à remettre à François Hollande un manifeste de 10 mesures d'urgence à prendre. Selon Ouest France, celui-ci demande une prise en charge des soins prescrits par les médecins mais qui ne sont pas remboursés (psychologues spécialisés en méthode ABA, psychomotriciens, ergothérapeutes). En effet, seules les séances d'orthophonie sont actuellement remboursées. Des recrutements et une formation spécialisée des auxiliaires de vie scolaires publiques sont aussi exigés. Autre mesure réclamée : l'accueil généralisé des enfants autistes dans les écoles publiques. SOS Autisme et l'avocat Me Dupont-Moretti ont décidé d'attaquer en justice systématiquement chaque établissement scolaire, chaque centre de sport, chaque conservatoire, qui refusera d'accueillir des enfants autistes, "tous ces lieux où nos enfants sont des pestiférés".