Les repères sur l'alimentation de bébé de 0 à 3 ans

Le HCSP vient d'actualiser ses repères alimentaires pour les enfants de 0 à 36 mois. Allaitement, diversification, nouvelles textures et aliments à éviter... Voici les recommandations sur l'alimentation de bébé, âge par âge.

Les repères sur l'alimentation de bébé de 0 à 3 ans
© famveldman

[Mise à jour du 6 novembre à 12h47]. Le Haut conseil de la santé publique (HCSP) vient de rendre un nouvel avis mis à jour en juin 2020, concernant l'alimentation des bébés depuis la naissance jusqu'à 36 mois. Il rappelle en préambule que dès la naissance, "l'alimentation couvre plusieurs fonctions : nutritionnelles, plaisir, socialisation, identité". 

De 0 à 4-6 mois : alimentation lactée et allaitement

Jusqu'à l'âge de 4 à 6 mois, les experts s'accordent sur une alimentation exclusivement lactée, sans diversification alimentaire. Si l'allaitement maternel au sein exclusif est la voie privilégiée, le HCSP précise tout de même qu'un allaitement mixte (entre le sein de la mère et un lait spécial nourrissons) convient aussi. Le rapport rappelle les recommandations de l'OMS qui prône un allaitement maternel dans tous les cas, mais qui conseille de le réaliser au minimum durant les 4 premiers mois de l'enfant pour un bénéfice santé, et dans l'idéal jusqu'à ses 6 mois. 

Le lait maternel combine plusieurs facteurs que sont la couverture des besoins nutritionnels, mais aussi des bienfaits en terme d'immunité, de prévention de l'obésité ou encore une meilleure acceptation future des aliments et des textures. Encourager les mères à allaiter est important. Mais le HCSP souligne qu'il est important de respecter leur choix de ne pas le faire, et d'éviter la culpabilisation

Concernant les préparations infantiles pour nourrissons, le HCSP rappelle qu'il ne doit s'agir que de produits étiquetés "préparations 1er âge" ou "lait 1er âge", parce que leur composition se rapproche du lait maternel. Mais il note que l'alimentation au biberon comporte des failles : "elle pourrait ainsi altérer ses capacités d'autorégulation des prises alimentaires à court terme et ne permet pas d'identifier aussi facilement ses signaux de faim et de rassasiement". Pour aider les parents à détecter ces signaux, le rapport précise que la faim peut s'exprimer chez le nourrisson par : des pleurs, des mouvements excités de bras et de jambes, la bouche qui s'ouvre quand le biberon approche. Concernant le rassasiement, il précise : endormissement du bébé au biberon, rythme de tétée ralenti, arrêt de la tétée ou encore si le bébé recrache la tétine.  

De 4-6 à 12 mois : la diversification alimentaire

Diversification alimentaire ne veut pas dire arrêt du lait maternel (ou son substitut si la mère n'allaite pas). Le lait doit rester la base de l'alimentation de l'enfant jusqu'à au moins 1 an, précise le HCSP. La quantité minimale quotidienne à donner au bébé jusqu'à cet âge est de 50 centilitres (500 ml./j). Mais la diversification alimentaire est importante car elle permet une transition de l'alimentation infantile vers la table familiale.

  • Jusqu'à 4 mois, le lait maternel suffit à couvrir les besoins nutritionnels du bébé.
  • D'ailleurs, il est conseillé aux parents d'attendre l'âge de 4 mois révolus pour commencer cette seconde phase alimentaire.
  • Après 6 mois révolus, le lait ne suffit plus.
  • L'option privilégiée est donc de commencer la diversification entre 4 mois révolus et 6 mois révolus

Il est essentiel de varier les aliments, et d'en changer chaque jour. Aucun ordre particulier n'est recommandé, et ces derniers peuvent être faits maison ou achetés dans le commerce, même si la première option est favorable. Lui faire découvrir un maximum d'aliments permet de prévenir la néophobie alimentaire. Le rapport du HCSP précise que les allergènes alimentaires doivent être introduits tôt pour détecter les sensibilités de l'enfant le plus vite possible. Avant un an, les boissons végétales (même enrichies en calcium) ne doivent pas remplacer les préparations pour nourrissons et les préparations de suite. 

Variété des aliments essentiels :

  • Produits laitiers (allergène alimentaire) sans sucres ajoutés et fromages à faible teneur en sel
  • Fruits, légumes et légumes secs, pommes de terres et produits céréaliers (dont arachide, allergène)
  • Viandes et poissons
  • Oeufs cuits (allergène alimentaire)
  • Matières grasses, indispensables (bien que souvent oubliées avant 3 ans)
© Anses

Pourquoi les matières grasses sont importantes ? 

Les enfants avant trois ans ont davantage besoin de lipides que les adultes. Ils jouent un rôle essentiel dans leur développement. On en trouve dans le lait maternel et dans les préparations de type "2ème âge". Mais au fur et à mesure que ces deux sources diminuent en proportion dans l'équilibre alimentaire de l'enfant, les lipides doivent être compensés de manière solide. Dans les préparations maisons, il est important d'ajouter des matières grasses, elles peuvent aussi être ajoutées dans les petits pots du commerce. 

Puis-je donner du lait de vache ou d'autres mammifères à mon bébé ?

Avant 12 mois, aucun lait animalier (vache, brebis, chèvre ou jument) ne peut remplacer le lait maternel ou son substitut 1er ou 2ème âge. Le HCSP insiste sur la composition de ces laits, qui ne répond pas pour l'ensemble des nutriments aux valeurs minimales et maximales recommandées dans cette tranche d'âge spécifique. Ils contiennent par exemple deux à trois fois trop de protéines par rapport aux recommandations, et deux à trois fois moins de fer que le minimum conseillé. 

Entre 8 et 10 mois : introduction d'autres textures complexes

"Il est important d'accompagner l'enfant vers une alimentation avec des textures variées en adaptant la taille et la dureté des morceaux aux capacités de l'enfant", introduit le rapport. Les aliments textures doivent être introduits entre 8 et 10 mois, pour préparer l'enfant à la mastication. Il est conseillé d'opter pour des aliments solides mais mous à 8 mois, et si tout se passe bien d'aller vers des aliments plus durs à 10 mois. Mais avant de faire consommer à son enfant des aliments durs, vérifiez :

  • Qu'il maintient sa tête et son dos droit dans la chaise
  • Qu'il avale les purées lisses et épaisses sans difficulté 
  • Qu'il fait des mouvements de mâchonnement quand il porte un objet à sa bouche
  • Qu'il porte naturellement des aliments à sa bouche en autonomie (cela veut dire qu'il cherche à se nourrir seul)
  • Qu'il se montre intéressé par le repas (en essayant par exemple de se servir dans l'assiette voisine) 

Si bébé refuse un aliment au début de la diversification, il doit lui être proposé au moins à 8 reprises par la suite pour être finalement accepté par l'enfant.

De 12 à 36 mois : l'alimentation évolue mais reste différente de celle des adultes 

Avant 3 ans, l'enfant découvre une grande variété d'aliments mais ne mange pas pour autant comme les adultes. Certains produits sont déconseillés comme les aliments sucrés (bonbons, crèmes dessert, glaces, boissons sucrées etc.) ou salés (biscuites apéritifs). Idem pour la charcuterie et les fritures. 

Au delà de 1 an, les bébés peuvent continuer à boire du lait maternel, ou à défaut des "laits de croissance". Ce dernier type de lait serait à privilégier jusqu'à 3 ans, car il est source de fer. Mais compte tenu de son coût, le HCSP propose d'alterner avec du lait de vache entier (pas demi-écrémé ou cru), en faisant attention aux carences en fer de son enfant. Le fer peut aussi être apporté par une alimentation riche en légumineuses, en viandes, ou en aliments riches en vitamine C pour favoriser l'absorption du fer. Petit à petit, la quantité de lait doit diminuer au profit d'aliments solides pour ne pas exposer son enfant à un trop plein de protéines. Elle ne doit en aucun cas dépasser 800ml/jour. Au-delà de 1 an, l'enfant commence à prendre le goûter. Il est important d'éviter des produits trop sucrés. Favorisez plutôt un produit céréalier, et/ou une compote ou un produit laitier. 

Quels sont les aliments à éviter ou à limiter pour les bébés ?

Afin de donner aux jeunes parents des indications claires sur les aliments qui ne sont pas recommandés, l'Anses avait établi deux listes dans un rapport de 2017, confirmé par le récent compte rendu du HCSP. 

Concernant l'apport en sucres, véritable problème de santé publique, l'Anses s'appuie sur une étude récente de la Commission européenne sur les aliments pour bébés disponibles sur le marché européen, et dénonce plusieurs catégories d'aliments, notamment les biscuits et biscottes, qui peuvent "contribuer à apporter des quantités excessives de sucres totaux aux enfants". Au-delà de la nécessité pour les pouvoir publics d'établir "des critères de teneur en sucres pour que ces produits soient adaptés à la consommation des jeunes enfants", les parents peuvent au quotidien réduire la consommation de leurs enfants en observant bien les étiquettes, en réalisant des goûters maison et en favorisant des en-cas sains. 

Le contexte du repas

Le rythme des repas pour les enfants de 12 à 36 mois est similaire à celui des adultes : petit déjeuner, déjeuner, goûter et diner. Il ne suffit pas de savoir quels aliments donner et comment les introduire dans l'alimentation de bébé. Le contexte du repas a également d'une importance fondamentale. Il est donc très important que le repas soit un moment de convivialité, partagé si possible en famille et sans télévision allumée ! L'Anses précise qu'il est importent d'éviter toutes les sources de distraction qui peuvent "détourner l'attention de l'enfant de son assiette, de ses sensations et des signaux de rassasiement et peuvent également limiter la possibilité pour l'enfant d'observer les autres convives et leur comportement alimentaire". Une grande partie de cet apprentissage du "bien manger" se fait grâce à l'observation, le bébé doit donc être dans un contexte chaleureux et calme favorable aux échanges. Les autres convives présents sont aussi là pour l'encourager à goûter sans le forcer à manger !

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