Tracy Gotoas (LES HERITIERES): "Je suis paresseuse, mais..."

Attendez-vous à la croiser bientôt sur vos écrans...Tracy Gotoas campe une élève brillante de Seine-Saint-Denis, qui intègre le lycée Henri IV, dans "Les Héritières", le 4 juin sur Arte. La comédienne de 25 ans nous raconte son parcours, ses aspirations, les obstacles qu'elle a rencontrés...

Tracy Gotoas (LES HERITIERES): "Je suis paresseuse, mais..."
© Tracy Gotoas dans "Les Héritières" par EMMANUELLE JACOBSON-ROQUES / Arte

Tracy Gotoas est LA nouvelle actrice à suivre. La comédienne de 25 ans joue avec brio le rôle de Sanou dans le film Les Héritières, réalisé par Nolwenn Lemesle et écrit par les scénaristes Laure-Elisabeth Bourdaud et Johanna Goldschmidt. Un film à ne pas manquer, vendredi 4 juin à 20h55 sur Arte et désormais disponible sur Arte.Tv, dans lequel Tracy Gotoas se glisse dans la peau d'une élève de Seine-Saint-Denis aux résultats scolaires excellents et qui parvient à intégrer le lycée Henri IV
En plus de ce film, Tracy Gotoas s'invitera prochainement sur grand écran dans le film L'Horizon, d'Emile Carpentier, en salles le 18 août. Vous la verrez également dans la série Braqueurs, diffusée sur Netflix à la rentrée. Confidences d'une actrice qui monte, qui monte...

Qu'est-ce qui vous a convaincu dans le scénario des Héritières ?
Tracy Gotoas :
Ce film apporte un véritable air frais. Les femmes noires sont trop rarement à l'affiche de films, et encore moins pour mettre en scène des personnes surdouées ou des "génies". En banlieue, il y a de tout, c'est un microcosme de la société. Je trouvais qu'il était important de mettre en valeur ce côté de la banlieue, mettre en lumière des histoires qui ne sont que rarement racontées. 

Comment vous êtes-vous préparée à ce rôle ? 
Tracy Gotoas :
Je suis une petite paresseuse, je l'avoue. Donc j'ai tout appris sur le tas (rires). Mais j'ai eu des facilités, car je sais ce que c'est d'aller dans une école où l'on a des codes qui ne sont pas du tout les nôtres parce que j'étais scolarisée dans une école privée catholique alors que je viens d'une banlieue dans le 91.

"Je suis tatouée partout"

Vous reconnaissez-vous dans le personnage de Sanou ?
Tracy Gotoas :
Je partage sa détermination, c'est l'un de nos points communs. Elle ne lâche rien, elle a envie d'y arriver, mais elle a quand même des moments de mou, parce qu'elle est humaine. D'un autre côté, elle est mon opposée. Je suis quelqu'un qui rigole tout le temps, je suis très solaire, j'aime faire des blagues, je suis tatouée de partout... alors que Sanou est très scolaire, assez sérieuse. 

Tracy Gotoas : Il y a cette scène où Sanou enfile une perruque. Une manière d'illustrer cette envie de s'intégrer sans savoir s'il on doit ou non abandonner ses repères…
Exactement, cela m'est arrivé aussi dans la vraie vie. On a envie de se fondre dans la masse, de ressembler au groupe… Et on se demande s'il faut laisser de côté certaines parts de notre identité.

"Je suis nostalgique du lycée"

Quels souvenirs gardez-vous de vos années collège et lycée ?
Tracy Gotoas :
Scolairement, j'avais des facilités, donc je me débrouillais assez bien. J'ai eu des moments de couacs en période de crise d'adolescence où j'avais à peine 10 de moyenne. Dans mon école, lorsque l'on avait 10, il fallait redoubler… Donc, ils m'ont fait redoubler ma 4e. Cela m'a fait un électrochoc et après ça, j'ai essayé d'être un peu plus assidue. Malgré tout, j'ai vécu ces années pleines de joie. C'était des rigolades, de l'insouciance, de la bienveillance… Parfois, je suis même nostalgique de cette époque avec mes copines (rires)!

La comédie était-elle une vocation ? 
Tracy Gotoas :
J'ai toujours su que je voulais faire ça. Ma mère m'a soutenue depuis le début, donc je ne me suis jamais trituré l'esprit à savoir si j'y arriverais ou pas. Je ne me posais pas de question. Ma mère m'a inscrite au conservatoire et j'allais au cours de théâtre de la pause déjeuner au collège. J'essaie de me battre et j'espère que j'aurai de la longévité (rires). 

Personne ne vous a découragé dans votre entourage ?
Tracy Gotoas :
Pas du tout! Au moment du Bac, ma mère m'a simplement encouragée à continuer mes études pour avoir un bagage. Mais à la place, j'ai fait des petits jobs: de la friperie, de l'hôtellerie, de la vente… En parallèle, je me démenais pour commencer à travailler dans le cinéma.

"Lorsque j'allume ma télé, je vois peu de femmes noires"

En tant que femme noire, avez-vous rencontré davantage d'obstacles sur votre parcours ?
Tracy Gotoas :
Je l'ai ressenti au début. En grandissant, je me suis rendue compte que si j'étais mal dans ma peau, c'est parce que je n'avais pas eu assez de représentation. Lorsque j'allume ma télé, je ne vois que peu de femmes noires. Sur le terrain, on peut être réduit à certains stéréotypes et passer certains castings sur des sujets similaires et souvent réducteurs. Mais j'ai la chance d'être accompagnée par un bon agent qui m'aide à me placer dans les castings intéressants. Mais je pense que je suis une rare exception...

Si vous n'étiez pas devenue actrice…
Tracy Gotoas :
Je serais devenue prof d'anglais! (rires).

Ne manquez pas Les Héritières, une fiction réalisée par Nolwenn Lemesle et écrite par les scénaristes Laure-Elisabeth Bourdaud et Johanna Goldschmidt, sur Arte, le 4 juin à 20h55 et désormais disponible sur arte.tv, jusqu'au 1er septembre.