André Manoukian : "En confinement, j'ai découvert ma famille"

André Manoukian s'apprête à bercer nos cœurs de confinés en jouant pour nous depuis le confort de son domicile de Chamonix, le temps d'un trio avec Julie Zenatti et Tom Leeb, qui devait représenter la France à l'Eurovision cette année, dans l'émission Renversant ! Le concert des confinés, diffusée le 21 avril à 23h30 sur France 3. Pour enchanter cette soirée musicale, bien d'autres artistes sont également conviés, tels que Dave, Elodie Frégé, Michel Jonasz ou encore Claudio Capéo. Avant d'enchanter nos oreilles, André Manoukian nous a donné de ses nouvelles...

Le Journal des Femmes : parlez-nous de ce trio que vous assurez avec Julie Zenatti et Tom Leeb pour "Le concert des confinés"…
André Manoukian : C'était génial, ce sont deux très bons chanteurs. On a fait une répétition en direct qui était un peu compliquée avec le décalage des téléphones… Une fois que l'on s'est mis d'accord sur le tempo et les autres paramètres, j'ai fais ma partie, je leur ai envoyée, afin qu'ils puissent tous les deux jouer sur mon piano. Il paraît que le résultat est étonnant et qu'on a l'impression que nous sommes tous les trois dans la même chambre alors qu'on est aux quatre coins de la France. 

Un hommage à Christophe est-il prévu ?
André Manoukian : Oui, il y aura un joli moment avec Elodie Frégé que l'on a rajouté pour Christophe. C'était vraiment son ami. Je sens que lui et moi, nous habitions un peu la même région du cosmos, au fond de la galaxie à gauche… Je l'ai interviewé deux ou trois fois à la télévision, et à chaque fois, c'était formidable ! Il me prenait dans son vertige.

Comment se déroule ce confinement pour vous ?
André Manoukian : Je suis chez moi à Chamonix, c'est très agréable et cela rend ma compagne extrêmement heureuse. C'était mon coin de base, mais je n'y étais pas souvent par manque de temps, plus le temps passait, et moins je m'y trouvais. Là, j'ai découvert les membres de ma famille et je commence même à beaucoup m'attacher à certains (rires).

Bon nombre de confinés se découvrent des talents cachés, profitent de l'enfermement pour apprendre la guitare ou autre. Votre créativité est-elle également décuplée en cette période d'enfermement ?
André Manoukian : C'est le rêve d'un compositeur que de passer son temps à faire de la musique. Tout à coup, on se trouve dans les meilleures conditions qui soient pour déclencher la créativité et l'inspiration. On n'est pas dérangé par autre chose, on est absorbé dans son travail, on s'endort en y pensant, c'est lui qui nous réveille… Le processus continue. La solitude du confinement est la condition du créateur. 

Vous ne craignez donc pas la solitude ?
André Manoukian : On l'éprouve tous en temps normal, avec les obligations de l'arrêter pour aller à des rendez-vous…. C'est un éternel coitus interruptus. Quand je suis en plein dans le processus créatif, que j'ai des idées, mais qu'il faut honorer un rendez-vous à la radio ou à la télé, cela m'agace parce que je suis arraché à mon occupation. En confinement, nous sommes dans un temps qui est long, sans contraintes journalières. Donc, on peut creuser davantage, se documenter, aller au fond des sons, faire des recherches qui, en temps normal, nous auraient paru fastidieuses. 

Pas le temps de vous ennuyer…
André Manoukian : Je continue à assurer des chroniques pour France Inter et, bien sûr, de travailler sur ma musique. Il m'arrive de passer la journée à chercher un son. Et je m'aperçois que là est la bonne méthode : prendre son temps. C'est pour cela que les Anglo-saxons, qui sont plus patients, sont bien meilleurs en terme de musique, que nous les latins, qui sommes moins minutieux. Le confinement nous pousse à explorer des terrains que nous n'aurions pas découvert autrement...

Ne manquez pas l'émission Renversant ! Le concert des confinés, diffusée le 21 avril à 23h30 sur France 3.