Félix Moati : "Je n'ai aucune envie de me retrouver face à moi-même !"

Dans "Si Tu Vois Ma Mère", diffusé sur Arte le 10 avril à 20h55, ou sur Arte.Tv jusqu'au 9 mai, Félix Moati se glisse dans les chaussures d'un trentenaire fils à maman, qui se surprend à halluciner sur sa défunte mère. L'acteur de 29 ans nous a raconté les dessous du tournage, son rapport à la famille, son confinement...

Félix Moati : "Je n'ai aucune envie de me retrouver face à moi-même !"
© Félix Moati par Ivan Mathie 2018

Il campe un personnage haut en couleur dans le comique Si Tu Vois Ma Mère, de Nathanaël Guedj, diffusé sur Arte le 10 avril à 20h55, ou disponible sur Arte.Tv jusqu'au 9 mai. Félix Moati se glisse dans la peau d'un trentenaire à qui tout sourit a priori : une carrière d'ophtalmologiste réussie, une famille qui le soutient, une histoire d'amour naissante avec une charmante psychologue… Tout bascule lorsque sa mère décède d'une crise cardiaque et vient le hanter dans sa vie quotidienne. De "simples" hallucinations qui se muent en véritable raz-de-marée ! Un film touchant et cocasse, servi par les prestations de talentueux acteurs, dont Sara Giraudeau, Noémie Lvovsky et Félix Moati. Ce dernier nous raconte son lien avec son personnage, son rapport à la famille, son confinement...

Qu'est-ce qui vous a convaincu d'interpréter ce fils à maman dans Si Tu Vois Ma Mère ?
Félix Moati :
J'ai aimé la vivacité des dialogues. Au début, je trouvais cela inquiétant que le spectre de sa mère lui apparaisse exclusivement à lui, qu'il soit parfaitement conscient du fait que celle-ci n'est pas réellement là, mais qu'il décide d'y croire et qu'il en ait besoin. D'ailleurs, ces visions représentaient un défi de mise en scène qui m'intéressait aussi. Nathanael Guedj n'a pas eu peur d'aller dans des moments très baroques, et j'ai apprécié cela. 

Qu'est-ce que cela fait de voir Noémie Lvovsky travestie en "soi", du moins, en votre personnage ?
Félix Moati :
C'était très particulier ! Sur le plateau, elle avait une oreillette et je lui soufflais les répliques avant qu'elle ne les joue afin qu'elle s'approprie ma diction, mon rythme de parole… Elle était dans un soucieux travail de mimétisme. C'est quelqu'un que j'admire énormément, elle est l'une des actrices qui m'a donné envie de faire ce métier. C'était trop cool de la voir jouer ma mère ! Le tournage était très joyeux, très rapide, très vif… Et puis, c'était une autre époque : on pouvait se serrer la main, s'embrasser (rires) ! 

Comprenez-vous ce lien plus que fusionnel de Max avec sa mère ?
Félix Moati :
Peut-être que je me mens à moi-même et que ma psy rigolerait bien en lisant cette interview, mais je pense que j'ai un rapport plus équilibré avec ma mère, contrairement à mon personnage. Par contre, je comprends tout à fait le chagrin de Max lors de la mort brutale de sa mère. Ce personnage, dont la vie est si bien rangée, voit son monde s'effondrer...

Sa manière de gérer le drame est de se plonger dans le déni. Si la réalité est trop dure, préférez-vous que l'on vous mente ou affrontez-vous la terrible vérité ?
Félix Moati :
Sans hésiter, je préfère me voiler la face. J'adore cette rhétorique autour du confinement en ce moment, qui consiste à dire que c'est le moment de se rencontrer, de se retrouver face à soi-même. Personnellement, je n'en ai aucune envie (rires) ! Je préfère fuir, que ce soit par le travail ou n'importe quel autre substitut. 

L'enfermement est-il une épreuve pour vous ?
Félix Moati :
Vu l'âge que j'ai, mon métier, ma situation affective et sentimentale qui est plutôt au beau fixe, je ne le vis pas mal. Je suis avec ma copine, je ne suis pas à plaindre... Nous les acteurs, lorsque l'on ne tourne pas, notre quotidien ressemble déjà beaucoup à un confinement, si ce n'est qu'on peut aller boire un verre le soir d'habitude. 

Quelle place a la famille dans votre vie ?
Félix Moati :
Sur le plan personnel, elle occupe une place absolument essentielle. Depuis que je suis petit, ma famille peut très rapidement me manquer lorsque je suis loin d'elle. Je me réfère souvent à eux, surtout dans les moments d'hésitation que je peux rencontrer. Je leur demande conseille, que ce soit à mon frère, ma sœur, mon père, ma mère (il est le fils du réalisateur Serge Moati et de la présidente de la troisième Cour des comptes Sophie Gourdon, ndlr). En plus, je suis le petit de la famille, je les regarde d'en bas, à la fois pétri d'admiration et d'ironie, comme un gamin. Sur le plan professionnel, la famille est un territoire de fiction inépuisable. Dans le cinéma, les séries, tout ce qui a trait à ça me plaît particulièrement. D'ailleurs, je suis en train d'écrire mon prochain film, une histoire de famille ! 

Que vous a transmis votre famille ?
Félix Moati :
Un goût pour les choses du monde. C'est grâce à eux que je m'intéresse au fonctionnement de la société, que j'ai ce besoin de comprendre le monde dans lequel je vis. En ce moment, on conseille aux gens de vivre un "bon confinement", personnellement, je ne peux pas être dans la quiétude de mon petit appartement lorsque je vois tout ce qu'il se passe autour, surtout que ma cousine et ma copine ont été touchées par le virus, même si elles vont beaucoup mieux maintenant. La situation dans le monde est préoccupante. Mais rien ne sert d'être pessimiste, alors j'essaie de relativiser !

Si Tu Vois Ma Mère, de Nathanaël Guedj, avec Félix Moati, Sara Giraudeau et Noémie Lvovsky, vendredi 10 avril à 20h55 sur Arte et jusqu'au 9 mai sur arte.tv