Noée Abita, mystérieuse sirène dans UNE ÎLE : "J'ai beaucoup de mal à trouver ma place"

Noée Abita joue une jeune sirène en herbe, en proie à de nombreux doutes, dans la série "Une île", diffusée sur Arte dès le 9 janvier et disponible sur arte.tv. À seulement 20 ans, la comédienne fait preuve d'un charisme indéniable. L'actrice s'est confiée sur ses débuts au cinéma, ses rêves, ses doutes. Rencontre.

Noée Abita, mystérieuse sirène dans UNE ÎLE : "J'ai beaucoup de mal à trouver ma place"
© Noée Abita dans "Une île" - Angela Rossi

Noée Abita montre l'étendue de son talent dans Une Île, nouvelle série de Julien Trousselier, diffusée sur Arte dès le 9 janvier, et déjà disponible sur arte.tv. L'actrice de seulement 20 ans donne la réplique à Laetitia Casta et campe Chloé, une jeune fille qui ne connaît pas sa réelle identité. Au fil des disparitions inquiétantes qui se multiplient sur l'île, Chloé découvre que son histoire est bien plus mystérieuse qu'elle ne le pensait… Une série haletante qui met en scène des sirènes en tant que créatures aquatiques dangereuses, mais dotées de sentiments.
Derrière la poésie des séquences, le sublime des images et le charme de la musique, la présence de Noée Abita achève de nous transporter dans un univers fascinant. Nous avons rencontré la jeune comédienne, dont la personnalité mêle calme et fraîcheur. Elle nous parle de ce rôle hors-du-commun, de la manière incroyable dont elle a débuté sa carrière, de la difficulté à trouver sa place dans la société. 

Dans cette série, ce sont les femmes qui terrorisent les hommes. Vous paraît-elle féministe ? 
Noée Abita :
Je n'ai pas l'impression qu'elle soit féministe, ce n'est pas le propos. J'ai juste le sentiment que l'histoire dépeint le mythe des sirènes et il s'avère que ce sont des femmes qui mènent l'histoire, qu'elles ont cette force en elles. Il s'avère qu'ici, ces personnages ont un super pouvoir, mais au fond, on a tous un super pouvoir. Il faut savoir le manier, apprendre à dire non et à assumer qui l'on est. Je pense que nous devons arrêter de chercher de la misogynie ou du féminisme partout. 

Comment décririez-vous votre personnage ?
Noée Abita :
Chloé est complètement perdue, au départ. C'est comme si on l'avait posée là et qu'on lui avait dit : "Tu dois être ainsi et c'est tout". Elle ne sait absolument pas d'où elle vient. Au fur et à mesure, elle découvre qui elle est exactement et qui elle a envie de devenir. Je trouve cela assez beau. Finalement, c'est peut-être en cela que la série a un côté féministe, puisqu'il s'agit d'une jeune fille qui va assumer ses désirs. Elle va dire "non" à ceux qui lui veulent du mal ou qui veulent la changer, comme Théa, qui essaie de la rendre meurtrière.

Votre personnage se cherche, elle ne sait pas qui elle est. Vous arrive-t-il de ne pas vous sentir à votre place, vous aussi ?
Noée Abita :
Oui, j'ai beaucoup de mal à trouver ma place, même si il me semble que j'arrive à la trouver de plus en plus. Je pense que l'on est tous un peu mal dans sa peau surtout lorsque l'on commence sa vie d'adulte. C'est dur d'être une jeune fille. Je me reconnais dans Chloé car je ne suis pas particulièrement sociable, pas toujours à l'aise avec les gens. Au fur et à mesure, j'apprends à l'être. Plus tard, j'aimerais jouer le rôle d'un personnage déjanté ou psychopathe, à l'opposé de ce que je suis !

Noée Abita dans "Une Île" © Angela Rossi

Votre personnage est taiseux. Les émotions passent surtout par les gestes, les regards… Est-ce plus difficile d'interpréter un personnage qui a peu de dialogues ?
Noée Abita :
Pas forcément. Il faut se concentrer sur le langage du corps, qui devient un instrument. Je me suis aussi intéressée à la manière dont on agit quand on ne sait pas qui l'on est, que l'on ne connaît pas son prénom ni ses parents, comme Chloé. Je me suis penchée sur la façon dont son passé s'est traduit physiquement dans sa manière d'être. J'aimais bien cette idée qu'elle se cache sous ses capuches, qu'elle tienne ses pulls, comme si elle essayait de protéger sa peau, son corps, car c'est la seule chose qu'elle connaît d'elle. On remarque que le personnage de Chloé enlève ses couches de vêtements au fil des épisodes. C'est une métaphore pour symboliser les "couches de gêne" qu'elle retire. Elle se débarrasse du poids de son enfance, de l'angoisse.

Comment vous êtes-vous préparée à ce tournage ?
Noée Abita :
C'était un tournage plutôt joyeux. Avec Alba Gaïa Bellugi et Manuel Severi, nous avons eu un coup de foudre amical. Nous avons pris beaucoup de plaisir à jouer ensemble ! 
Avant d'entamer le tournage, j'ai relu les mythes grecs pour essayer de trouver qui était Chloé, quel pouvait être son sentiment, ses émotions. Je la compare beaucoup au personnage de Méduse. On la considère comme un monstre, mais elle n'a pas voulu en être un, puisqu'elle a été violée par Poséidon, puis c'est Athéna, jalouse, qui l'a punie en transformant ses cheveux en serpents et en rendant son regard pétrifiant. Méduse transforme en pierre ceux qu'elle rencontre, mais au fond, ce n'est pas de sa faute. C'est un récit que j'ai pu assimiler à celui de Théa et Chloé. 

Laetitia Casta et Noée Abita dans "Une Île" © Image et Compagnie

Appréhendiez-vous les scènes de nudité ?
Noée Abita :
Ce n'est pas facile de faire tomber le peignoir, cela peut être gênant, mais je n'ai pas de problème particulier avec cela. Ce qui compte, c'est que la nudité ait un intérêt à la scène. J'ai déjà tourné nue dans le passé et j'ai aussi déjà refusé de le faire, lorsque je considérais que le contexte ne s'y prêtait pas. 

Vous avez débuté votre carrière  jeune en interprétant le rôle principal du film Ava, à 17 ans. Le cinéma a-t-il toujours été une évidence ?
Noée Abita :
Pas du tout. J'ai toujours fantasmé sur l'idée d'être comédienne, mais je n'avais pas du tout prévu d'en faire mon métier, je n'ai jamais fais de théâtre… C'est arrivé un peu par hasard parce que je m'ennuyais beaucoup au lycée et qu'en plus, j'étais interne, donc l'école était mon quotidien. Je me suis pointée à la porte d'une agence, un peu sur un coup de folie, pour savoir comment intégrer une agence de comédiens. On m'a tout de suite mise sur un casting. J'étais super contente de tenter l'expérience pour rigoler, je n'avais pas du tout prévue d'être prise… et c'est pourtant ce qui s'est passé : j'ai décroché le rôle d'Ava ! C'était une chance extraordinaire de tomber sur ce projet. 

Ne manquez pas Une Île, avec Laetitia Casta, Noée Abita et Alba Gaïa Bellugi, de Julien Trousselier, sur Arte dès le 9 janvier à 20h55 et en replay jusqu'au 7 février sur arte.tv.