Gwendoline Hamon, délicieuse et envoûtante Cassandre

Gwendoline Hamon n’a pas sa langue dans sa poche. Délicieuse, spontanée et bourrée de charme, la petite-fille de Jean Anouilh est l’héroïne de Cassandre, nouvelle série à succès de France 3. Indépendante et rigolote, la sublime Gwendoline a tout de la bonne copine. Rencontre avec une femme que tout le monde rêve d’avoir dans sa vie.

Gwendoline Hamon, délicieuse et envoûtante Cassandre
© Etienne Chognard/CCSP
Cassandre et son équipe © Etienne Chognard/CCSP

Sincère, généreuse et vivante, Gwendoline Hamon renvoie l'image d'une femme épanouie et amoureuse de la vie. Véritable enfant du théâtre, la maman cool de Gabriel, 11 ans, a plus d'une corde à son arc : radio, cinéma, écriture, elle revient à la télévision sur France 3 samedi 28 mai à 20h55 dans le rôle de Cassandre, femme flic touchante, sensible et forte à l'image de son interprète. Sa philosophie ? Profiter de chaque instant.

Le Journal des Femmes : Présentez-nous votre personnage, Florence Cassandre.  
Gwendoline Hamon : Florence Cassandre est une vraie Parisienne. Elle est indépendante et autoritaire. C'est une femme de pouvoir, elle occupe le poste de directrice du 36 Quai des Orfèvres. Elle est très carriériste jusqu'au jour où elle réalise qu'elle passe à côté de sa vie, son fils Jules, placé en maison de correction à Annecy. Elle donne sa démission pour travailler en Province et s'occuper de son fils. C'est une femme sensible, mais tellement impliquée dans son travail qu'elle en vient à s'oublier elle-même. Elle est divorcée du père de Jules avec qui elle a des rapports houleux, elle a un amant dont elle n'est pas amoureuse, mais qui la réconforte. Elle est perdue sentimentalement. Elle est comme toutes ces femmes au caractère bien trempé et autoritaire : elle a besoin de tendresse. C'est une femme pragmatique et humaine.

Ce côté carriériste, centré sur le travail fait-il partie de vous ? C'est ce qui vous a séduit chez elle ?
Gwendoline Hamon : Non, je ne suis pas comme elle. Un personnage s'amadoue progressivement. Les acteurs n'ont que peu de détails des auteurs donc c'est à eux et au réalisateur de travailler sur l'interprétation. Cassandre est l'inverse de moi. J'ai une autorité, comme elle, mais plus naturelle. Je ne suis pas dans la hiérarchie. Je gratte le dos de ma nounou et je lui demande de partir deux heures avant quitte à passer l'aspirateur moi-même. En revanche, j'ai sa poigne et son cran et j'aime faire rire. Jouer Cassandre, c'est l'apprivoiser. Quand j'ai lu le scénario, je ne me suis pas dit "tiens, cette femme, j'ai envie que les gens l'aiment", mais plutôt "je voudrais, moi, l'aimer". Si j'aime ce personnage alors les spectateurs l'aimeront. Ce côté froid qu'elle peut renvoyer est la conséquence de l'hostilité qu'elle ressent quand elle arrive à Annecy : elle est entourée d'hommes, sa supérieure n'est pas des plus chaleureuses avec elle. Cette distance est comme un voile sur ce qu'elle est profondément, une protection de son intimité. Elle veut simplement démontrer ses talents et ses forces. Elle se fiche d'être appréciée. Si elle a un ordre à donner, elle le donne, mais quand il faudra être généreuse et humaine, elle le sera.

Cassandre vous ressemble ?
Gwendoline Hamon : Oui et non. On met toujours de soi dans un personnage, quel qu'il soit. On va chercher loin, on ne sait pas trop où. C'est un vrai travail. Le métier d'acteur, c'est retrouver des émotions qui sont en adéquation totale avec la situation du personnage. Chez Florence, il y a certainement un peu de moi : je suis très cynique, j'ai de l'humour, je suis dans la vanne constante. L'autorité nous différencie : je n'ai pas besoin d'être autoritaire pour exister, alors qu'elle est primordiale pour son métier à elle.

La série a un format particulier : un épisode (90 minutes) tous les 3-4 mois. Vous n'êtes pas frustrée quant à l'évolution que vous voudriez lui donner?
Gwendoline Hamon : Je ne me suis jamais posée la question. En 90 minutes, il y a plus de temps pour développer, étoffer et raconter l'histoire. Je ne la connais pas encore très bien donc c'est difficile de vouloir lui donner une évolution précise, mais la série n'est pas un programme feuilletonnant. Il y a un suivi des personnages bien sûr, mais les épisodes peuvent se regarder indépendamment l'un de l'autre.

L'ambiance sur le plateau est aussi sérieuse qu'à l'écran ?
Gwendoline Hamon : Elle est excellente. Je suis une grande déconneuse, ça me détend et tout le monde s'y est mis aussi. Il y a une belle entente, une belle cohésion. L'équipe est très chouette, la production aussi et on a tous cette envie de faire le même bébé. C'est un plaisir de travailler tous ensemble. J'aime énormément mon métier et je suis très consciente de la chance que j'ai de le faire.

Vous avez fait des apparitions dans de nombreuses séries policières (Profilage, Flics, Avocats et Associés). C'est un genre que vous affectionnez ?
Gwendoline Hamon : Pas particulièrement. Je dirai que ça se joue plus sur le hasard des propositions. En revanche, j'adore les polars. J'ai découvert Baron Noir sur Canal +. J'ai adoré : c'est un thriller politique, psychologique, c'est fin et admirablement bien joué, écrit et mis en scène. Le thriller j'adore ça, mais ce n'est pas pour cette raison que j'en tourne. Il n'y a que deux genres à la télé : la comédie et le polar. Et puis, dans ce métier, quand vous avez besoin, vous prenez. Je trouve que c'est un muscle de jouer la comédie et un acteur qui ne travaille pas est quelqu'un de malheureux. Le côté précaire est déstabilisant.

Théâtre, radio, télé, livre, être actrice c'est la casquette que vous préférez porter ?
Gwendoline Hamon : J'ai touché un peu à tout parce que je suis très curieuse, mais je serai toujours actrice. Je joue un peu moins au théâtre depuis que j'ai mon fils, mais je n'arrêterai jamais de jouer la comédie. En revanche, j'ai eu un grand plaisir à écrire. Quand j'écrivais, je ne me sentais plus dépendante du regard de l'autre : j'écrivais ce que je voulais, quand je voulais, sur qui je voulais et où je voulais. Il y a ce côté libre dans l'écriture que j'ai beaucoup aimé et que je n'ai pas dans mon métier. Je referai peut être de la mise en scène et de la radio un jour, mais ce que j'aime le plus, c'est me cacher derrière un personnage. Je n'ai aucune pudeur, mais je suis moi-même la plupart du temps. Je me sens aussi bien dans la peau d'une autre.

Avez-vous pensé à la réalisation ?
Gwendoline Hamon : J'y ai pensé. Je voulais adapter mon livre au cinéma, mais je ne l'ai pas fait puisqu'il parle de la mort de ma mère. Je me suis dit que ce n'était pas une bonne idée : le temps d'écrire le scénario, de tourner… Je n'aurai pas pensé à autre chose qu'à la perte de ma maman pendant plusieurs années. Je ne voulais pas.

On ne vous voit pas beaucoup au cinéma. Vous préférez la télévision ?
Gwendoline Hamon : Pas vraiment. Ici aussi, il est plus question d'opportunité. Je n'ai peut-être pas suffisamment frappé aux portes et su me montrer aux bons endroits aux bons moments. J'étais peut-être moins intéressante. Il y a mille raisons et certaines viennent de moi. J'ai pourtant essayé de ne pas me mettre dans une case en me diversifiant. Il y a une forme de frustration quand même : j'ai déjà eu des rendez-vous pour le grand écran durant lesquels j'ai été prise tout de suite donc ça pourrait fonctionner, mais je n'ai pas eu beaucoup d'occasions. Ce métier, c'est 70% à 80% de chance et après c'est du travail. Je me souviens avoir vu Michel Bouquet répéter pendant 2h30 avant la représentation alors qu'il l'avait jouée déjà 150 fois. Il y avait une espèce de rigueur, de passion, d'internement avec le personnage. La comédie, c'est difficile à jouer. Quand on se dit "cette scèen est géniale", c'est que ça a été compliqué. Se mettre dans la peau d'un personnage et lui donner une singularité, c'est un vrai travail. Aujourd'hui, le cinéma ne m'a pas rencontrée et je n'ai pas rencontré le cinéma non plus, mais ça viendra peut-être.

Vous avez eu un fils, Gabriel, 11 ans, avec Frédéric Diefenthal dont vous êtes séparée. Quelle est la nature de votre relation mère-fils ?
Gwendoline Hamon : Tous les deux, on s'entend très bien, mais c'est compliqué d'être une maman toute seule. On veut que tout soit parfait pour son enfant, mais on fait tout toute seule : le protéger, l'éduquer, lui donner toutes les armes et plein de "je t'aime" pour qu'à 20 ans, il puisse partir avec des bases et de la force. Mon rôle n'est pas non plus de lui faire plaisir toute la journée : frustrer, cadrer, consoler, faire le câlin au bon endroit au bon moment, faire les devoirs quitte à y passer 2h30 parce que sinon il ne les fait pas, l'autonomiser aussi. Il y a plein de choses à gérer. Il faut qu'il soit heureux, pas trop gâté, mais pas frustré non plus. Il a fallu gérer une séparation et ce n'est pas très facile quand il y a un enfant au milieu. Gabriel est l'amour de ma vie. Être maman est une très belle aventure même si ce n'est pas de tout repos. Je suis constamment inquiète, j'ai la peur qu'il lui arrive quelque chose. Je lui fais confiance mais j'ai la trouille.

L'été arrive. Quelle est la journée type de vos vacances ?
Gwendoline Hamon : J'ai une vieille maison à Opio, dans le sud de la France. C'est un paradis. Je m'enferme, je m'achète à manger et je m'arrête là. Je ne vais même pas voir la mer. J'emmène mon fils au cirque et au marché à Valbonne, un village proche. Je vais à Gourdon dans les hauteurs pour acheter du parfum et je n'ai besoin de rien d'autre. Je suis bien là-bas.

De quoi vous êtes la plus fière ?
Gwendoline Hamon : Si je dis que je suis fière de mon fils, la réponse est trop facile. Je suis fière de ma force. J'ai été élevée avec des gens géniaux mais compliqués. J'ai traversé des moments particuliers, je m'en rends compte seulement maintenant. J'ai perdu ma mère puis ma grand-mère. J'ai remis les relations qu'on avait en question. Je me suis retrouvée un peu orpheline, à me dire "la prochaine, c'est moi". La vie est un drôle de trajet. Je ne suis pas fragile, mais très sensible pour tout : amitié, amour, travail. Et j'ai beaucoup de force. Je trouve que l'essence du bonheur est dans les instants du présent, il ne faut pas oublier de les vivre. Tout peut s'arrêter tellement vite.

Quels sont vos projets ?
Gwendoline Hamon : Pour l'instant, je suis heureuse avec Cassandre. Je suis en train de travailler sur un projet au théâtre et sur l'écriture d'un second livre. Je prend mon temps.

Retrouvez Gwendoline Hamon samedi 28 mai à 20h55 sur France 3 pour le deuxième épisode de Cassandre, L'école est finie