Assurance auto hommes et femmes : le vrai du faux

Les femmes bénéficient-elles de primes d’assurance auto réduites par rapport aux hommes ? Oui, dans une certaine mesure… puisqu’elles sont plus prudentes.

Les femmes sont-elles vraiment plus prudentes que les hommes sur les routes ? Existe-t-il une inégalité des primes d’assurances auto en fonction du sexe ? Parce qu’il est temps de mettre fin aux clichés qui circulent sur les différences entre hommes et femmes au volant, voici les 3 réponses aux questions que vous vous posiez sur le sujet.


Les femmes sont plus prudentes que les hommes au volant

VRAI. Et cela n’a jamais été si vrai, si l’on en croit les chiffres publiés par la Sécurité routière : en 2015, 75 % des personnes tuées sur la route étaient des hommes (2 604 contre 857 femmes). Sur 100 victimes mortelles masculines, 77 étaient au volant lors de l’accident (les autres étant des passagers ou des piétons) ; sur 100 victimes féminines, seulement 43 % l’étaient (et 37 % étaient passagères).

Dans le cas des accidents mortels, on observe que les hommes comptent pour :

  • 82,5 % des responsables présumés ;
  • 92 % des chauffards impliqués ayant consommé une dose d’alcool supérieure à la limite autorisée ;
  • 91 % des conducteurs contrôlés positifs aux stupéfiants.

La part des femmes victimes d’accidents de deux roues est également moins élevée (taux de mortalité de 6 %, contre 27 % pour les hommes), du fait que ces véhicules sont beaucoup plus utilisés par les hommes. Enfin, toujours en 2015, sur 69 050 permis invalidés pour défaut de points, 86 % appartenaient à des conducteurs mâles.

En 2012, un rapport édité par la Préfecture de police de Paris concluait une étude sur l’accidentologie routière dans l’agglomération par la remarque suivante : « si les hommes conduisaient comme les femmes, il y aurait donc moins de victimes sur les routes ».

Il subsiste une égalité hommes/femmes quant à l’assurance auto

FAUX. Du moins depuis 2012, année où le gouvernement français a dû traduire dans son droit national une directive européenne, après que la Cour de justice a statué que l’inégalité de traitement entre hommes et femmes pratiquée par les compagnies d’assurance auto était discriminatoire (lire cet article pour plus de détails).

Avant 2012, la situation était donc très différente. Une assurance voiture pouvait effectivement coûter bien moins cher pour une femme que pour un homme, sur la base de chiffres de la Sécurité routière. Les compagnies d’assurance s’appuyaient sur les faits – une accidentologie bien moindre chez les conductrices que chez les conducteurs, et des dégâts moins graves, donc moins coûteux, en cas d’accident – pour proposer des primes d’assurance auto plus avantageuses sur la base du sexe de l’assuré.

Parmi ces avantages, certaines compagnies proposaient notamment :

  • Une réduction de la prime allant jusqu’à 30 % en fonction du bonus ;
  • Une franchise au coût divisé par deux ;
  • Des garanties d’assistance gratuites (crevaison, remplacement du véhicule en cas d’accident ou de panne, etc.) ;
  • Et même une suppression partielle ou totale de la surprime habituellement appliquée aux jeunes conducteurs.

En moyenne, une femme pouvait donc payer son assurance voiture 8 % moins chère qu’un homme. Qu’on la considère juste ou injuste, cette différence était, du moins, entérinée par des faits. Par ailleurs, la directive européenne de 2011 a également eu un effet inversé sur les assurances santé : depuis lors, les hommes paient un peu plus cher pour leur couverture santé alors que, traditionnellement, les primes déboursées par les femmes étaient environ 10 % plus élevées.

Les femmes paient toujours moins cher leur assurance voiture

VRAI. Malgré la suppression de cette inégalité par l’Union européenne, les femmes continuent de payer moins cher leur prime d’assurance auto en comparaison avec les hommes… Mais plus pour des raisons discriminatoires. Si les assureurs ne peuvent plus appliquer une différence de sexe, ils peuvent toujours s’adonner à ce qu’ils font le mieux : calculer le potentiel de risque d’un assuré pour déterminer son coût.

Au moment d’assurer un conducteur, quel que soit son sexe, une compagnie d’assurance établit un « profil de risque » basé sur plusieurs critères : l’accidentologie de la tranche d’âge (d’où la surprime jeune conducteur), le coût de cette accidentologie en matière de dégâts matériels et corporels, la gravité des sinistres, les marges à retirer de l’exercice, etc. Mais il existe d’autres facteurs qui permettent de réduire sa prime d’assurance auto sans mettre en avant le sexe du conducteur… tout en prenant en compte, de façon plus insidieuse, que les profils les moins accidentogènes sont aussi, le plus souvent, les profils féminins.

Prenons un seul exemple : le coût de la prime d’assurance auto va évoluer en fonction du modèle du véhicule à assurer (voir ce qui est proposé ici). Il coûte plus cher de rouler en 4x4 ou en Mercedes qu’avec une petite citadine, parce qu’un assureur va prendre en compte, dans ses calculs, la puissance du moteur : plus puissant il est, plus il est possible (et facile) de rouler vite, plus un accident a de risques d’advenir, avec une gravité plus élevée. Or, statistiquement, ce sont plutôt les femmes qui roulent avec de petites voitures peu puissantes, tandis que ce sont plutôt les hommes qui se pavanent au volant de véhicules gourmands et expansifs.

D’autres facteurs sont à prendre en compte, comme l’appétence des jeunes femmes pour la conduite accompagnée (qui libère d’une partie de la surprime jeune conducteur) ou l’accumulation des bonus au fil des années sans sinistre, qui profite plus aux conductrices puisqu’elles sont plus prudentes et donc moins souvent responsables en cas d’accident. Autant de raisons qui font que, oui, c’est indéniable : les femmes ont tendance à payer moins cher que les hommes leur assurance auto. Mais pas parce qu’elles sont nées du bon côté de la barrière des sexes – simplement parce qu’elles conduisent mieux !