Pourquoi le lin est une matière cool ?

Matière phare des beaux jours, le lin séduit depuis des millénaires. Durable, esthétique et pratique, le lin a vraiment tout bon. Explications.

Pourquoi le lin est une matière cool ?
© Jonas Gustavsson/Sipa USA/SIPA

Un pantalon fluide, une blouse vaporeuse, un T-shirt légèrement transparent… Le lin truste nos dressings dès que les beaux jours reviennent. Et ce, depuis 36 000 avant notre ère puisque d'après une découverte d'archéologues en 2009 dans une grotte géorgienne, les fibres de lin sont, à ce jour, le plus vieux textile connu confectionné par l'homme. Plus proche de nous, à l'époque des pharaons, aux alentours de 3 000 avant notre ère, le lin était une source de commerce pour l'Egypte antique, mais aussi une étoffe appréciée pour ses qualités techniques et esthétiques, dernier apparat des morts (les corps étaient alors souvent embaumés dans des tissus ou bandelettes en lin).

Il faut attendre le XIIème siècle avant notre ère pour que les Phéniciens commencent à exporter le lin à l'international. Très vite, le tissu accoste en Italie, en Bretagne, en Espagne… En France, il s'impose au fil des siècles, filé à la cour de Charlemagne ou encore utilisé par la Reine Mathilde pour confectionner la tapisserie de Bayeux au XIème siècle. De procédés de tissage en cours fastueuses, le lin finit par être utiliser pour produire du linge de corps délicat sous Louis XIV, puis les fameuses crinolines des robes du XVIIIème siècle. Cette histoire du lin, débutée en Géorgie, se poursuit désormais dans le monde entier, et notamment en France, l'un des premiers pays producteur de lin.

Comment expliquer le succès du lin ?

Le lin a tout pour lui. C'est avant tout une matière aux propriétés très recherchées : il est à la fois résistant, respirant, thermorégulateur et absorbant. Ce qui en fait l'étoffe rêvée pour l'été, mais pas seulement ! D'un point de vue confection, le lin a l'avantage d'être une fibre végétale. Sa plante est dite herbacée (elle ressemble à une herbe) et libérienne (sa fibre est contenue dans la tige). Elle est pourvue d'une fleur blanche, violette ou bleu pastel, qui se fane en quelques heures mais indique lors de sa floraison que la tige a atteint sa taille maximum, et d'une tige, dont la macération permet d'extraire les fibres.

A l'inverse de nombreuses matières naturelles (comme le coton, pour ne citer que celle-ci), le lin nécessite peu d'eau et pas du tout de pesticide. La pluie et le soleil suffisent ainsi à la liniculture. Autre bon point, sa fabrication est peu gourmande en énergies et ressources naturelles. Pas besoin de litres d'eau pour le traiter, comme le denim par exemple. Enfin, et c'est assez rare pour le souligner, le lin est une plante qui peut être intégralement utilisées. Les graines de lin servent par exemple en cuisine, telles qu'elles à parsemer sur une salade ou pour fabriquer des huiles alimentaires. Les fibres, quant à elles, peuvent aussi servir à fabriquer des matières isolantes redoutables d'efficacité. Et, cerise sur le gâteau : le lin est biodégradable (s'il n'a pas été teint avec des produits chimiques et s'il n'a pas été mélangé à des fibres synthétiques, évidemment).

Pour autant, tout vêtement en lin n'est pas un achat éco-responsable. S'offrir un pantalon fluide dont la liniculture a été effectuée en France, mais qui a ensuite été envoyé à l'autre bout du monde pour être confectionné, puis renvoyé en France pour être vendu sous-entend des milliers de kilomètres parcourus à l'aide de moyens de transports polluants. Heureusement, il existe quelques labels certifiant que toutes les étapes de la culture et de la confection se sont déroulées en Europe. C'est le cas de Masters of Linen, par exemple. GOTS (Global Organic Textile Standard) appose un tampon biologique, tandis qu'Oeko-Tex assure qu'aucun produit toxique n'a été utilisé dans la confection du vêtement. Autant dire que désormais, le lin n'a plus de secret pour vous !

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