"Amoureuse, j'ai pourtant besoin de tromper", Garance, 40 ans, infidèle chronique

Depuis une quinzaine d'années, Garance est infidèle. Elle a trompé chacun de ses partenaires et continue de mener une double vie. Elle nous ouvre les portes de son jardin secret et nous explique combien avoir un amant est devenu son équilibre, à condition de respecter ses propres limites. Témoignage.

"Amoureuse, j'ai pourtant besoin de tromper", Garance, 40 ans, infidèle chronique
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Lorsque j'ai débuté ma vie sentimentale, la fidélité était une valeur qui faisait partie de mon package amoureux : on se rencontre, on s'aime, on construit, on n'a pas besoin d'aller voir ailleurs. Vers 25/30 ans, mes convictions ont volé en éclats. Je me sentais beaucoup plus femme que lors de mes premières amourettes et j'ai commencé à déraper. Je me suis rendue compte que l'on pouvait être follement amoureuse de son partenaire et le tromper, que ce n'était pas incompatible, non plus mauvais signe.

En quinze ans, j'ai vécu trois belles histoires d'amour et j'ai trompé tous mes conjoints. Aujourd'hui, je suis en couple depuis cinq ans et je trompe M., mon compagnon. Je dois préciser que je vis à Lille et travaille à Paris depuis plus de dix ans. Pour m'éviter des allers-retours quotidiens, j'ai un appartement parisien la semaine. Je ne pourrais absolument pas mener cette double vie sans ça. D'ailleurs, je n'ai jamais eu d'amant dans ma ville !

"J'ai commencé à être infidèle pour le plaisir de plaire"

Jamais je ne me suis dit : "Tiens, j'aimerais devenir infidèle."  C'est vraiment l'opportunité qui a fait que. Je n'ai pas cherché à avoir un amant, je n'ai pas fouillé Internet, je n'ai rien provoqué… Si j'ai commencé à être infidèle, c'est pour le pouvoir de plaire, vraiment. C'est en découvrant que j'attirais certains hommes que j'ai glissé. Surtout quand les hommes étaient des canons ! Je me disais : mais pourquoi moi ? Et après : et pourquoi pas ?

Tout a commencé avec C. Un homme dont j'étais folle amoureuse lorsque j'avais 20 ans et que j'ai retrouvé grâce à mon travail. A l'époque, c'était un coureur. Il séduisait toutes les nanas qui passaient… sauf moi. Avoir l'occasion de coucher avec lui, c'était comme réaliser un vieux rêve.

Je me souviens très bien de la première fois. C'était dans un hôtel, énorme cliché. Et en même temps ça n'était pas glauque, mais vraiment très mignon, très tendre. Je n'ai absolument pas culpabilisé. Au contraire, j'ai vécu le moment à fond. Et puis, il était attentionné, doux, ça ressemblait presque à une histoire d'amour. Je n'ai eu aucun regret, je n'ai pas eu peur de moi, de mon comportement. Je suis rentrée chez moi regonflée ! Comme si j'avais passé une belle soirée de fiesta.

"Ce premier écart m'a donné envie de recommencer"

Bien sûr, je n'en ai jamais parlé à mon compagnon de l'époque. Je pense que s'il y avait eu un souci dans notre couple, si j'avais voulu le quitter, je l'aurais fait. Mais ce n'était pas le cas. Alors j'ai considéré cette aventure comme un petit plaisir personnel, un recoin de mon jardin secret qu'il me tardait d'explorer à nouveau.

"Mon amant a survécu à toutes mes relations"

Ce premier écart m'a donné envie de recommencer. C. est devenu mon amant régulier, mais on ne se voyait pas beaucoup. Seulement deux à trois fois par an. Un rythme qui m'aidait sans doute à ne pas tomber amoureuse de lui. D'ailleurs, je faisais tout pour, car ce n'est pas simple de coucher avec un fantasme de jeunesse sans chavirer… J'ai réussi. C'était ludique, juste du cul sans sentiment et beaucoup de fun. Tous les deux, ça a duré des années. Il a survécu à toutes mes relations !

Un de mes amis est également devenu mon amant. On couchait ensemble une fois par an, simplement. Je trompais donc mes partenaires – et mon partenaire - quatre fois par an, à peu près. Depuis peu, j'ai un nouvel amant, bien plus régulier et j'ai carrément envoyé bouler l'historique.

"Si ton mec faisait la même chose, tu réagirais comment ?"

Mes meilleurs amis savent que je trompe M. Ils le connaissent très bien et ne sont pas mal à l'aise en sa présence. Ils ne se considèrent pas comme "complices" d'un abominable secret ! S'ils ne sont pas gênés, c'est sans doute parce que je ne le suis pas moi-même quand je parle de mon infidélité. Aucun d'entre eux ne me juge. Ils comprennent que mes errances n'influent absolument pas sur mes sentiments envers M.

"Mes errances déteignent très positivement sur mon couple"

Seule une collègue avec qui j'en ai discuté récemment n'accepte pas du tout… Son argument pour que je freine : "S'il faisait la même chose, tu réagirais comment ?" Argument pas terrible à mes yeux...  Mais je me pose souvent la question. La différence, pour en avoir déjà parlé à mon mec, c'est que pour lui la fidélité est quelque chose de fondamental. Il ira voir ailleurs s'il ne m'aime plus et donc il mettra d'abord un point final à notre relation. Si j'apprenais qu'il me trompe, je serais dévastée, cela signifierait qu'il n'a plus de sentiments pour moi, ou plus autant. Alors que moi, je fais bien la différence entre les deux.  

Tromper M. ne m'empêche pas d'être amoureuse de lui. Je l'adore et je ne me vois absolument pas vivre avec quelqu'un d'autre que lui. J'ai simplement besoin de piment, de danger, de folie. Après un moment intime avec un amant, je me sens bien comme après une séance de sport ou de shopping. C'est ma cure de vitamines, mon bain de jouvence. J'ai besoin de ces frissons. En couple, j'ai toujours tout fait pour que la passion amoureuse subsiste. Mais avec les années, dans une relation durable, on perd l'excitation des débuts, cette envie irrépressible de se voir, de faire l'amour... Avec mes amants, je retrouve cette euphorie et ça déteint très positivement sur mon couple.

"Être infidèle stimule mon désir sexuel et mon partenaire en profite"

M. n'a jamais eu de soupçon. La distance géographique est un plus… Je mens un peu en lui disant que je suis en soirée, et avant de rentrer à Lille, je nettoie mon téléphone. Pourtant, M. est jaloux par nature. Il sait que j'ai beaucoup d'amis masculins, je lui parle souvent de mes ex et ça l'énerve. Mais il est très loin d'imaginer que j'ai une double vie avec un ou des amants.

Je crois vraiment que l'infidélité a du bon. Quand je suis dans d'autres bras, avec d'autres hommes, je me sens désirée et donc je me sens belle et ça, mon mec le voit aussi. Plus on fait l'amour plus on a envie de le faire... donc M en profite indirectement. Tout le monde sait que l'on fait moins l'amour avec le temps, alors que là, j'ai l'impression que si !

Nous sommes un "vieux" couple comme les autres : cela nous arrive de ne pas avoir envie de sexe parce que le quotidien reprend le dessus. Mais pas parce que j'ai eu ma dose avant avec mon amant. Ça, non !

 "Je vais devoir me séparer de mon nouvel amant car des sentiments apparaissent"

Depuis quatre mois, j'ai donc un nouvel amant. J'ai rencontré P. sur Facebook. Un ami d'un ami. On s'est vus comme ça, pour prendre un verre, sans ambiguïté aucune. Mais une tension électrique nous a pris de court dès le premier soir. On savait tous les deux que l'on coucherait ensemble... ce que l'on a fait dès le lendemain. Désormais, je le vois toutes les semaines environ. C'est là que ça commence à devenir problématique. C'est très régulier et c'est un peu "engageant". C'est la première fois que ça m'arrive.

"Si pour moi l'infidélité n'est pas une mauvaise chose, c'est parce que je suis à l'écoute de mes désirs et de mes limites"

Jusqu'ici, je vivais mon infidélité sans culpabiliser. Ce n'était que du positif. Avec P., c'est différent. J'ai l'impression que des sentiments naissent – des deux côtés - même si je n'ose pas me l'avouer. C'est compliqué parce qu'il est libre et pas moi. Nous avons décidé trois fois (en quatre mois) de ne plus se voir, mais on y retourne toujours...

On sent tous les deux que notre relation prend plus de place qu'elle ne devrait. Il serait préférable que l'on arrête. A moyen ou court terme, on ne se verra plus. Et je pense que ça viendra de moi. Dans mon équilibre, l'amant est un plus, quelque chose de ludique, qui ne prend pas la tête, qui ne fait pas souffrir, qui rime avec bons moments. Là, on déborde. Alors je vais faire ce qu'il faut. Car si pour moi l'infidélité n'est pas une mauvaise chose, si elle me rend heureuse, c'est parce que depuis le début, je suis à l'écoute de mes désirs et de mes limites. Franchir ces dernières reviendrait à mettre mon couple en danger et ça, je ne veux pas. Je suis bien trop amoureuse pour prendre le risque de tout détruire pour quelques coups de folie.