"8 mois avant le mariage, je lui ai demandé de partir" raconte Elise, 31 ans

Après deux ans d'amour, Romain demande Elise en mariage. Pour elle, son rêve se réalise. Mais ses doutes grossissent au fil des préparatifs, les disputes se multiplient... Elle annule le mariage.

"8 mois avant le mariage, je lui ai demandé de partir" raconte Elise, 31 ans
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Tout a commencé dans un bar. J'ai eu un coup de foudre pour Romain. A l'époque, nous étions tous les deux en couple. Notre histoire a mis du temps à démarrer, mais une fois réunis, nous étions très complices et très amoureux. Il m'a demandé en mariage au bout de deux ans, lors de nos vacances de printemps. Nous venions d'acheter un bel appartement au cœur de Paris et je venais également de changer de boulot. Tout était parfait, idéal.

Dès le choix de la bague "quelque chose n'allait pas"

Quand Romain a demandé ma main, ce n'était pas avec la vraie bague. Il voulait que l'on choisisse ensemble la définitive. Je savais exactement ce que je voulais (ce que j'ai fini par avoir d'ailleurs), mais avant, j'ai dû passer par la case "bijoutier bague sur mesure", qui essaie d'analyser le couple et la personnalité de la future mariée. Ça a duré trois heures, jusqu'à ce que je pleure parce que j'en avais marre d'écouter son baratin. J'aurais dû être excitée par le moment, mais quelque chose n'allait pas. Je ne savais pas quoi. Au début de l'été, nous sommes allés à un mariage. Pendant la messe, évidemment, j'ai fondu en sanglots. La cérémonie, la mise en scène, les promesses d'amour toujours… ça m'a retournée. Ce n'était pas de la joie, plutôt de la peur. Romain m'a rassurée, mais j'avais ce sentiment dérangeant que je ne voulais plus me marier. Pourtant, depuis toujours, je rêvais de ce grand moment.

"Romain était en permanence dans la représentation, ça me dérangeait"

Une semaine après, nous avons discuté de mes deux crises de larmes. Mes doutes grossissaient. Pour Romain, le mariage était un engagement devant les autres. Pour moi, c'était un engagement envers lui. J'ai compris que nous avions deux visions éloignées de la noce. Au lieu de sortir sereine de cette discussion, j'étais certaine que quelque chose était brisé. Ça a mis en lumière tout ce qui me dérangeait. Romain était en permanence dans la représentation. Depuis que je portais une bague de fiançailles, il la brandissait en soirée afin que l'on brille de mille feux. Quand nous avions acheté notre appartement, il en était tellement fier qu'il me répétait sans cesse que toutes les soirées auraient lieu chez nous. Il fallait que l'on soit les plus beaux, que l'on fasse des envieux. J'ai passé l'été à m'interroger. J'avais le sentiment que nous n'avions pas les mêmes valeurs. A ce moment-là, le mariage était prévu pour dans neuf mois. Et je n'en voulais plus. Pourtant, je gardais mes doutes pour moi et m'investissais encore dans l'organisation. Je me disais qu'on s'aimait, que Romain était un garçon formidable et puis, tout était déjà presque fait. La liste d'invités, la date et le domaine. Mais il y a eu quelques scandales. Nous ne voulions pas le même prêtre… Il voulait aussi que nos parents paient l'intégralité du mariage, mais moi je ne désirais pas qu'ils s'immiscent dans notre jour... Je lui disais, on se disputait. Pendant les préparatifs, le "vrai Romain" ressortait, un Romain que je ne connaissais pas ou n'avais jamais regardé vraiment. Après l'été, je suis partie à la recherche de ma robe de mariée. J'ai douté 100 ans, j'ai essayé cinquante modèles, quelque chose clochait, encore et toujours.

"Nous avons rompu en quelques heures."

Tout a explosé huit mois avant ladite date. Nous nous sommes disputés un dimanche, à propos du mariage, parce qu'il insistait sur les bouteilles de vin à prévoir et que je m'en fichais que le vin soit comme-ci ou comme ça. Des détails. Plus je l'écoutais parler, moins je le supportais. Je voulais tout annuler. Nos mots ont sûrement dépassé nos pensées, je lui ai demandé de partir. Deux jours après, on s'est quittés par téléphone. Le lendemain, quand je suis rentrée du boulot, il était repassé dans la journée pour récupérer ses affaires. Nous avons rompu en quelques heures. J'ai bloqué tous ses amis sur les réseaux sociaux. Je ne voulais pas avoir de ses nouvelles par une tierce personne. Je souhaitais me faire oublier. Et nous oublier en tant que couple. Pendant plusieurs mois, je pensais encore et toujours à lui. Je souffrais. Il avait ses défauts et en même temps, tous ses bons côtés me manquaient. J'imaginais parfois qu'on se retrouverait et qu'il était encore temps de se marier. Mais nos seuls échanges ont été deux trois SMS laconiques. Je n'ai jamais ressenti de colère envers lui. Peut-être parce qu'au fond, c'est moi qui ai provoqué la chute. 

"J'ai perdu la chance de vivre un beau mariage"

Parfois, je me dis que j'aurais préféré me marier et divorcer après. J'ai perdu la chance de vivre un beau mariage, moi qui n'en veux plus désormais. Je suis persuadée que sans le projet du mariage nous serions restés ensemble plus longtemps. Mais au moment de s'engager, on réfléchit vraiment. A qui on est, ce que l'on veut. On se concentre sur les valeurs, communes ou pas. En l'occurrence, dans mon cas, elles ne l'étaient pas. Et il m'a fallu plus de six mois pour m'en apercevoir.

"Nous n'avions rien à faire ensemble malgré les bons moments"

Nous n'avions rien à faire ensemble, malgré les bons moments. C'est ce que je me dis aujourd'hui. J'ai perdu trois ans de ma vie. J'aurais pu perdre davantage. Cette rupture m'a fait changer : aujourd'hui, je me sens calme, plus ouverte d'esprit. Je me suis trouvée. Désormais, je voyage, je profite, je vis comme je l'entends. Ce mariage avorté aura été bénéfique. Sereine, je souhaite beaucoup de bonheur à l'homme qui a partagé ma vie, mais avec qui je n'étais pas destinée à la partager jusqu'au bout.