Témoignage ménopause et andropause en couple : "Il faut se dire les choses"

Agnès, 56 ans et ménopausée depuis quelques mois, ne souffre pas de symptômes ménopausiques lourds. Néanmoins, elle et son mari ont dû réinventer leur vie intime. Pour cela, ils ont communiqué librement sur leur couple et sur leur sexualité. Témoignage.

Témoignage ménopause et andropause en couple : "Il faut se dire les choses"
© andreypopov

"J'ai tout de suite parlé à mon mari pour obtenir son soutien"

Je suis ménopausée depuis 18 mois et je dois dire que ma ménopause est plutôt… facile. J'ai eu quelques bouffées de chaleur l'année dernière, mais avec les grosses températures de l'été, c'était à s'y méprendre ! J'ai quand même pris un traitement à base de plantes, qui a fait son petit effet. Mais je dois dire qu'à côté de mes copines, je suis plutôt chanceuse. Quand j'entends combien elles souffrent et les vois se déshabiller en plein repas, je comprends que je ne suis pas à plaindre. Je souffre aussi de sécheresse vaginale, de temps à autre. Je m'attendais à pire. Finalement, ce qui a été le plus difficile pour moi, c'est la fatigue. J'ai accusé la ménopause lors d'une année professionnelle compliquée. Et puis je vieillis, donc je me rends à l'évidence : c'est normal de ne plus être en forme comme avant. En tout cas, j'en ai tout de suite parlé à mon mari, pour obtenir son soutien. Parce que pour moi, que l'on soit ménopausée ou que l'on ait une gastro, c'est la même chose : il faut pouvoir le dire et demander de l'aide si on en a besoin.

"Le partenaire ne devine pas tout, il faut s'exprimer"

Personne ne peut deviner ce que l'on pense ou vit. Si on ne partage pas clairement ses besoins et ses attentes, l'autre ne va pas les inventer. Quand on espère du soutien, il faut se manifester à ce sujet. Je ne me suis jamais retenue. Je sais que ce qui est évident pour moi ne l'est pas forcément pour mon mari. J'ai toujours dit que j'étais fatiguée quand je l'étais, ou que ma sécheresse vaginale me dérangeait quand elle me dérangeait. Il a pu se montrer compréhensif. Et puis j'encourage vivement les femmes à parler plutôt que de penser qu'elles vont passer pour faibles. On n'est pas moins forte quand on avoue que l'on est crevée ou mal dans ses baskets. Se confier à son partenaire ne nous rend pas vulnérable. C'est un moyen de solliciter de l'aide, mais surtout, l'autre se sent considéré. Il entend que nous lui faisons confiance. Cela renforce à mon sens la complicité dans le couple.

"Tout est bon à partager quand ça concerne notre corps"

La communication dans le couple ne se construit pas à la ménopause. Pour notre part, nous avons établi cette communication intime depuis longtemps. Quand le couple est récent, je pense qu'il faut s'exprimer au plus vite, habituer le partenaire. Dire que l'on a ses règles, que l'on a mal à la tête, que l'on est ménopausée… Tout est bon à partager quand ça concerne notre corps. Il s'y passe des tas de choses, et les garder pour soi peut entraîner de la gêne, des complexes ou de la frustration. J'encourage toutes les femmes à parler quand elles en ressentent le besoin, et j'éduque mes filles en ce sens.

"On parle aussi de son andropause"

Notre vie sexuelle a changé, c'est certain, même si ma sécheresse vaginale n'est pas importante. L'âge joue aussi. Parfois, je n'ai même pas besoin de préciser à mon mari que mon plaisir est plus lent : quand on est au lit, en plein rapprochement, il voit bien que je mets davantage de temps à lubrifier, alors on prend notre temps. Il est attentif, et tout se régule. Mon mari a 66 ans et sexuellement, c'est également plus compliqué de son côté. De la même façon, on en parle. La ménopause et l'andropause ne sont pas des sujets honteux ou tabous. Nous sommes deux à traverser les affres du temps et nous sommes une équipe ! Parfois, on fait l'amour sans pénétration, ou bien on utilise du gel intime pour une meilleure lubrification. Le sexe n'est pas une compétition, il n'y a aucun challenge. Pour moi, il est important de trouver sa façon de faire l'amour, ses solutions.

"Notre vie sexuelle n'en est que meilleure"

Aujourd'hui, je suis dans la perspective de devenir grand-mère. Je suis débarrassée des règles et de la contraception. Je ne peux pas dire que je suis libérée car cela ne m'empêchait pas de respirer, mais l'avantage, vraiment, c'est que la sexualité n'est que la sexualité. Elle prend sa vraie place, elle n'existe plus à des fins procréatrices. C'est très agréable pour les corps, qui se rencontrent autrement, avec davantage de spontanéité peut-être. Et c'est surtout très agréable de se le dire. Car oui, s'il faut se dire les choses ouvertement, revenir sur ce qui nous tracasse ou nous freine, il faut aussi échanger sur tout ce qui va, enfin il me semble ! Ensemble, mon mari et moi constatons que certains changements en valent la peine et nous proposent d'ouvrir de nouveaux chapitres, et ça, c'est super positif et ça nous fait du bien.