"J'ai vécu une histoire d'amour impossible avec mon meilleur ami gay"

Quand Chloé rencontre Florian au travail, c'est comme une évidence, l'alchimie est là, ils deviennent inséparables. Mais quelque chose cloche. Pendant 6 ans, elle s'accroche à cette relation fusionnelle...

"J'ai vécu une histoire d'amour impossible avec mon meilleur ami gay"
© 123rf-hetmanstock

J'ai rencontré Florian au travail, lors d'un remplacement. On s'est tout de suite très bien entendus. S'en est suivi un ajout sur Facebook et des conversations interminables sur Messenger lorsque j'ai terminé ma mission professionnelle. Je ressentais une certaine attirance pour lui, les sentiments sont nés, je les imaginais réciproques. Pour moi, on en était au stade de la séduction. Il était mystérieux, il m'intriguait. Je percevais quelque chose de spécial chez lui.

Florian ne faisait jamais allusion à son homosexualité

D'abord parce qu'on s'est connus dans un cadre professionnel. Ensuite, parce qu'il n'assumait pas complètement. Il vient d'une famille catholique et ses deux grands frères sont mariés. Dans ce contexte, il ne trouvait pas la force de se révéler tel qu'il est vraiment. Même auprès de ses amis d'enfance. 

Alors non, je n'ai rien senti, rien vu venir. Rien ne m'indiquait que je faisais fausse route. Il était célibataire, j'en avais la certitude. J'allais parfois déjeuner chez lui, il n'y avait aucune trace de vie à deux dans son appartement. Je faisais tout pour que notre histoire avance. Je lui tendais un maximum de perches. Et ça fonctionnait, ça prenait. Un samedi, on a passé la soirée chez des amis. On se connaissait depuis deux mois. J'avais une heure de voiture pour rentrer chez moi. Il était tard, Florian m'a proposé de dormir chez lui. Je me suis dit : "on y est, c'est le grand soir".

J'ai senti qu'un truc clochait après avoir passé la nuit avec lui

Et puisqu'il avait la flemme de déplier son clic-clac, il m'a dit que je n'avais qu'à partager son lit. Seulement, il ne s'est rien passé. J'ai d'abord pensé qu'on n'osait pas, mais j'ai commencé à douter. Un truc clochait. Dès le lendemain, j'ai fouillé son profil Facebook. J'ai trouvé parmi ses amis beaucoup de mecs qui appartenaient à la communauté LGBT. J'ai décidé de lui en parler. Il m'a répondu, sans détour, que oui, il était gay. Pourtant, j'étais sûre d'une attirance réciproque entre nous. Florian avait un comportement ambigu envers moi. On a commencé à se voir davantage. Avec toujours cette limite en tête : notre histoire n'est pas possible, Florian aime les hommes. Pourtant, il me faisait des déclarations enflammées. "Tu me manques, tu me touches, j'ai envie de te voir…" Ça a duré ainsi des années. On s'est même rapprochés physiquement. Un soir, ça a dérapé. Nous n'avons pas couché ensemble, mais poussé les préliminaires.

"Tu me manques, tu me touches, j'ai envie de te voir…"

J'ai très vite compris que ce rapprochement physique n'avait rien débloqué, au contraire. On était amis et Florian n'était pas disponible à notre histoire. C'est lui qui m'a dit un jour que ce ne serait jamais possible entre nous : "J'aurais besoin d'aller voir ailleurs, je ne pourrais jamais être exclusif avec toi." J'étais prête à accepter une relation libre, lui m'assurait que je n'allais pas le supporter sur le long terme. J'ai compris que rien ne changerait. Florian a mis beaucoup de temps à s'avouer son homosexualité. Il me semblait qu'après tout ce cheminement, ce travail, il n'était pas envisageable pour lui de se poser de nouvelles questions, de faire demi-tour, revoir ses plans. Malgré l'impossibilité de notre relation, nous sommes partis trois semaines au Brésil. Tous les deux, juste tous les deux. On dormait ensemble, riait ensemble, s'extasiait ensemble. Deux êtres fusionnels. Notre entourage nous percevait comme un couple. Ses parents les premiers. Nos potes aussi nous considéraient comme un couple et souvent nous charriaient, même encore aujourd'hui. On intrigue.

J'ai beaucoup souffert à cause de cette histoire d'amour impossible qui a duré 6 ans. On était tous les deux célibataires, avec parfois des relations chacun de notre côté, mais on revenait toujours l'un à l'autre. De mon côté, si je devais analyser le pourquoi, comprendre comment j'ai pu pendant des années m'accrocher, je dirais que ça me rassurait de vivre cette histoire. J'ai été voir un psy qui m'a dit que je courais après une histoire inaccessible pour éviter de m'engager réellement. Voir un psy m'a permis de me détacher, de faire le deuil d'une histoire avec Florian et de vivre à côté. Désormais, notre relation me prend moins d'énergie. J'ai déménagé. Il a rencontré quelqu'un. Aujourd'hui, ça fait un an qu'il est avec Théo. J'ai eu peur que notre relation s'arrête. Parce qu'il se mettait en couple et parce que la distance géographique s'imposait entre nous. Mais paradoxalement, ces éléments nous ont rapprochés. On est de très bons amis, même plus que des amis, mais tout est plus clair. Et le fait qu'il soit en couple me permet d'aller vers les hommes, comme si j'en avais maintenant l'autorisation. 

Nous sommes toujours fusionnels, on dort ensemble, son mec est jaloux

Nous sommes toujours fusionnels. On est repartis en vacances juste tous les deux. On a dormi ensemble, pris une tonne de photos, toujours comme un couple. Son mec a été jaloux. Aujourd'hui, je suis de nouveau célibataire. Florian et moi partageons des liens très forts, on s'appelle tous les jours. Je suis heureuse de le savoir heureux. Ses parents "tolèrent" sa relation. Florian s'est ouvert et s'assume. Notre histoire l'a certainement éclairé. Au bout de 6 ans, je n'espère plus rien de notre histoire, pas plus que ce que nous avons déjà.