Combien de temps va durer mon chagrin d'amour ?

En jogging et au bout du rouleau depuis 24h, je me suis demandé combien de temps allait durer mon chagrin d'amour. Une question encore plus obsédante que : Henri va-t-il revenir ? Parce que je souffre et ne rêve que d'une chose : ce jour prochain où il ne sera plus qu'un souvenir. Solutions.

Combien de temps va durer mon chagrin d'amour ?
© 123RF

Pour savoir combien de temps je vais souffrir, je commence par mes souvenirs de cour de récré : "Le temps du chagrin d'amour est égal à la moitié du temps de la relation", pour celui qui se fait larguer bien sûr. Cette équation mathématique est sans équivoque : deux ans à purger, on est LARGE. Non satisfaite de cette réponse peu réconfortante, j'interroge une série d'amis. Les calculs de cour de récré se suivent mais ne se ressemblent pas. Apparemment, dans le 77, on guérit plus vite que dans le 63. Selon une personne de là-bas, le temps du chagrin d'amour, c'est "en mois" le nombre d'années. Soit pour quatre ans de relation, quatre mois de chagrin. J'ai hésité à déménager et puis je me suis dit que peu importe : pour enrichir mon calcul, il me faut surtout intégrer d'autres éléments à l'équation. Et j'ai trouvé comment réduire le temps de mon chagrin.

Poser un regard réaliste sur la relation (calcul approximatif : gain de 3 semaines sur mon chagrin)

L'histoire me rendait-elle heureuse ? Avec le peu de lucidité qu'il me reste, moi qui ne fais qu'idéaliser l'homme enfui, il faut bien reconnaître que notre relation avait plus de bas que de hauts. Cette rupture est certainement un mal pour un bien. Si j'accepte de regarder droit dans les yeux la réalité, tout en écoutant cette petite voix qui parfois me soufflait que je n'étais pas au bon endroit, alors je vais guérir plus vite. Et s'il ne faut pas idéaliser l'autre, il ne faut pas non plus le détester sans raison. Les sentiments démesurés ne font qu'entretenir notre chagrin. J'essaie donc d'être la plus raisonnable possible : il est parti, nous avons vécu ce que nous avions à vivre. Rester factuelle au possible.

Accepter mon chagrin (calcul approximatif : gain de 2 mois sur mon chagrin)

Plus je pleure, plus je m'énerve de pleurer. C'est un tort : pour guérir plus rapidement, grappiller quelques mois, il faut que je vive ma peine comme elle vient. Interdiction de me juger (tu n'es qu'une naze de pleurer et en plus, il t'a jetée), de m'en vouloir et même de faire semblant. Pour quoi faire, sourire devant les autres et sortir alors que cela ne correspond pas à mon état d'esprit ? Est-ce qu'en jouant à m'amuser je vais finir par y croire moi-même ? Le retour de bâton ne sera que trop violent. Alors j'arrête de manipuler mon chagrin pour le faire taire. Je le prends, je le vis.

Penser à soi (calcul approximatif : gain de 1 mois sur mon chagrin)

Bien que je sois tentée de ne penser qu'à moi à travers lui (Henri), je note que me concentrer sur ma petite personne comme une énorme égoïste, ça va me faire gagner du temps. Non pas qu'avec l'autre on s'oublie, mais à force d'être deux, on se divise un peu. Il faut donc que je reprenne conscience de qui je suis, ce que j'aime, ce que je veux. Et que je prenne soin de tout ça, de mes cheveux et de mes goûts, de mes matins et de mes projets. Ne pas se dévaloriser, mais plutôt avancer pas à pas, en répondant à mes désirs à moi. Je n'ai besoin de personne, je peux manger du Tarama et remuer mon café deux heures si c'est ma passion. Comme ça fait du bien de se retrouver !

Parler moins, mais parler mieux (calcul approximatif : gain de 7 mois sur mon chagrin)

À force de n'avoir qu'Henri en bouche (verbalement désormais), je le fais exister. Pourquoi pas, personne n'a dit qu'il méritait d'être mort (à part ma mère). Mais le souci, c'est que je le fais exister en moi, et que tant qu'il existe en moi, le chagrin s'étend et s'étend encore. Alors oui, je vais moins parler de lui. J'ai le droit de me confier à mes copines, mais je garde les plus proches et je ne refais pas le match avec toutes les personnes que je croise. Chacune va y aller de son avis et je vais continuer de cogiter pour pas grand-chose. Si je vivais plutôt ma peine en (presque) solitaire ? Que j'évitais de crier partout qu'Henri me manque ? Si j'évitais de lui donner tant d'importance que dans un an, il pèsera le triple dans mon cerveau ?

Faire le deuil de son deuil (calcul approximatif : gain de 9 ans sur mon chagrin, pouah)

Alors ça, ça me fait rire d'ici. Faire le deuil de son deuil, c'est accepter un beau jour d'avoir guéri. Si je ris, c'est parce que je rêve tellement d'une nouvelle vie que je ne vois pas comment mon cœur pourrait s'accrocher à mon chagrin. Mais le risque existe. Parce que le chagrin d'amour, on s'habitue à lui comme un oreiller. On dort avec et on se réfugie dedans, on le connaît par cœur, sa forme, son odeur, son réconfort même. Il devient un quotidien et le jour où il commence à fuir, qui sait si on ne lui court pas après, de peur de l'inconnu sans lui ? Alors je me prépare d'ici : si je fais le deuil de mon deuil le moment venu, tout ira mieux plus vite. Parce que si on passe une vie à faire le deuil du deuil du précédent deuil, on n'est pas rendu.

Avec tout ça, peu importe les calculs mathématiques de mes 14 ans - dans le 77, le 63 ou le 35 -, je sais une chose : je n'ai jamais été aussi près d'oublier Henri. Approximativement, je pense que dans 48h, je suis passée à autre chose (ou pas).

Autour du même sujet