Dépassement terme de grossesse : pourquoi, quels risques ?

Certaines femmes enceintes peuvent dépasser leur terme de grossesse. En France, on estime qu'il y a environ 15 à 20% des femmes qui accouchent après le terme, entre 41 semaines d'aménorrhée (SA) et 41 SA + 6 jours, et 1% au-delà de 42 SA, selon les données du SYNGOF (Syndicat national des gynécologues et obstétriciens de France). Un tel phénomène n'est pas toujours sans conséquences. Dans certains cas, il peut y avoir des risques pour la santé du bébé. Quand parle-t-on de dépassement du terme ? Quelles sont les causes et les risques ? Quelle est la prise en charge ? La sage-femme Céline Hattab Braha et la psychologue Nathalie Lancelin Huin, spécialisée en périnatalité, nous éclairent sur le dépassement du terme chez la femme enceinte.

Quand parle-t-on de dépassement du terme de grossesse ?

Le terme de grossesse étant compris entre 37 et 41 SA, "le dépassement du terme se situe donc au-delà de 41 SA. En France, selon les recommandations, on peut dépasser de cinq jours le terme de grossesse", nous explique Céline Hattab Braha, sage-femme.

Quels sont les risques d'accoucher après le terme de grossesse ?

Le dépassement de terme peut présenter des risques pour le bébé in utero. "Généralement, au-delà des 41 SA + 5 jours, le placenta se calcifie et les échanges avec le bébé se font moins bien. Le risque est donc la souffrance fœtale. In utero, bébé peut émettre ses selles, du méconium, qui est un signe de souffrance fœtale et qui augmente le risque infectieux. À la naissance, il est possible que bébé n'aille pas bien", détaille la soignante.

"Au-delà de 41 SA + 5 jours, le risque, c'est la souffrance fœtale."

Pourquoi certaines femmes dépassent-elles le terme de grossesse ?

Une ou plusieurs causes psychologiques pourraient avoir une influence sur le dépassement de terme de grossesse. 

L'envie de rester enceinte peut-elle jouer ? 

Certaines femmes n'ont pas envie de ne plus être enceinte. "Parce qu'elles n'en ont pas assez profité ou simplement en mettant du temps à conscientiser leur grossesse. D'autres femmes se sentent bien enceintes, elles ont un sentiment de plénitude, de sérénité et ne sont pas pressées que cela se termine", souligne la psychologue Nathalie Lancelin Huin. Pour d'autres, le fait de tomber enceinte a été difficile (parcours PMA par exemple) et elles vivent cette expérience comme un moment unique, qui pourrait ne pas se reproduire.

La crainte de la maternité

On peut tout à fait ne pas avoir peur de la grossesse et craindre la période post natale. "Mon corps a réussi à donner la vie, mais serais-je à la hauteur en tant que mère ? Parviendrais-je à le comprendre, à savoir quand il a faim, s'il a mal ? La maternité fait l'objet d'une pression sociale. Les idées reçues pèsent lourd sur les épaules des femmes... Et la fin de la gestation, avec l'accouchement, concrétise ces questionnements, au point parfois de ralentir le processus", indique l'experte en périnatalité.

La peur de l'accouchement

Certaines femmes ont peur de mettre leur enfant au monde. "L'accouchement est un passage symbolique très fort, mais aussi une grande source d'inquiétude pour les femmes. D'autant que les questions de violences obstétricales sont très présentes ces dernières années. Il est normal de se demander comment se passera ce moment. D'avoir peur de ne pas tenir, de perdre pied, d'avoir trop mal..", développe la psychologue.

La mère peut aussi tout simplement avoir peur d'être séparée de son enfant. "Lorsqu'on donne vie à son bébé, notre histoire personnelle et familiale se rejoue, notre couple aussi ! Et on passe de quelque chose de purement biologique avec l'enfant qui se développe dans le corps de la mère, à un tout autre enjeu qui pose de nouvelles questions", ajoute-t-elle.

Comment se passe la prise en charge en cas de dépassement du terme ?

Une surveillance fœtale régulière est mise en place en cas de dépassement du terme. "À partir de 41 semaines d'aménorrhée, on surveille tous les deux jours la future maman et son bébé, en faisant une échographie de grossesse et un monitoring", rapporte la sage-femme. C'est cette surveillance qui va permettre de décider ou non du déclenchement de l'accouchement. 

"À partir de 41 semaines d'aménorrhée, on surveille tous les deux jours la future maman et son bébé, en faisant une échographie de grossesse et un monitoring".

Le congé maternité est-il prolongé en cas de dépassement du terme ?

Si l'accouchement a lieu après le terme, pour ce qui est du congé maternité, il y a quelques aménagements possibles. "Le congé prénatal est prolongé d'autant de jours de retard" et la "durée du congé postnatal reste inchangée", précise le site du ministère de l'Économie. Concrètement, si vous deviez accoucher le 7 janvier 2023 mais que l'accouchement a eu lieu trois jours plus tard, le 10 janvier 2023, votre congé prénatal est donc prolongé de 3 jours, mais la durée de votre congé posnatal reste la même. 

​​​​​Quand déclencher l'accouchement après le terme ?

Après le terme de grossesse, un déclenchement d'accouchement peut être décidé par le corps médical si la surveillance a montré des anomalies, comme au niveau du rythme cardiaque fœtal. "En l'absence d'anomalies, il n'y a pas d'indication formelle à déclencher le travail, tant que la date prévue du terme n'est pas dépassée d'au moins 6 jours. (...) À 41 SA + 6 jours, il est recommandé de réaliser un déclenchement, éventuellement précédé d'une maturation cervicale par prostaglandines", précise le site de la Haute Autorité de Santé.