La fessée : un moyen pour confirmer l’autorité parentale ?

Une fessée reste toujours une fessée. On donne des coups à l’enfant sur le derrière. C’est une manière de frapper et donc une violence physique. La fessée — une bonne punition pour se faire respecter ?

Les deux types de fessée  

Le contexte dans lequel elle est administrée permet de distinguer deux types de fessée :

 

• la fessée réactionnelle

• la fessée « éducative »

 

La fessée réactionnelle est donnée par un parent qui se sent débordé par son enfant. La énième bêtise ou une situation où l’enfant s’est mis en danger déclenche une telle colère chez l’adulte que la seule voie de sortie est la fessée. C’est donc un geste réactionnel où toute pensée est absente et qui vise juste à évacuer le trop plein émotionnel du parent.

La fessée « éducative » est employée par les parents comme faisant partie de l’arsenal des punitions que l’on peut utiliser pour obtenir l’obéissance de l’enfant. Contrairement à la première, elle est généralement administrée avec calme, dans un but « éducatif ». La forme la plus dégradante et humiliante est la fessée déculottée.

  La discipline  

Toute éducation a, entre autres, pour but de faire du jeune enfant un individu qui respectera les règles et les lois afin qu’il s’intègre dans la collectivité. Pour cela, l’enfant a surtout besoin de ses parents, qui peuvent lui donner des conseils pour un comportement adapté. Ces conseils, c’est la « discipline ». Ainsi il sait ce qu’il a le droit de faire et ce qu’il faut éviter. En apprenant la discipline, l’enfant se sentira plus sûr de lui, car il saura comment se comporter correctement. Il acquiert aussi le sens des responsabilités et cela l’aide à se maîtriser. De plus, il pourra différencier le « bien » du « mal ».

  Se faire respecter  

Apprendre la discipline nécessite l’obéissance. Cette obéissance peut être renforcée par des encouragements comme des félicitations quand l’enfant fait quelque chose de bien. Cela rend le lien parent-enfant plus fort et l’enfant apprend et progresse de manière positive. On peut aussi choisir la punition comme rappel à l’ordre.

 

La fessée, ce grand classique de l’autorité parentale, fait partie des punitions corporelles. En aucun cas elle affirme l’autorité parentale. Au contraire, la fessée signe l’échec de l’autorité parentale. Le parent ne sait plus gérer son enfant autrement que par des coups. C’est d’autant plus un échec que l’enfant ressent le désarroi de ses parents. La fessée ne fait naître que de la peur vis-à-vis de celui qui la donne.

 

La fessée n'apporte rien à l'enfant, car ce n'est pas une punition éducative ou pédagogique. Pourquoi ne serait-elle pas éducative ? En fait, la fessée agit sur les mécanismes de la peur. L'enfant est donc plus dans la crainte que dans l'apprentissage des règles. Il apprend à obéir par la peur et cela ne l'aide pas à grandir et à s'autonomiser.

  Faut-il interdire la fessée ?

Dans beaucoup de pays européens, les châtiments corporels sont interdits par une loi comme en Finlande, Norvège, Autriche, Chypre, Danemark, Lettonie, Croatie, Bulgarie, Allemagne, Ukraine, Islande, Roumanie, Hongrie, Pays-Bas, Grèce, Portugal, Espagne… En Suède cette loi existe depuis 1979.

 

Certains doutent de l’efficacité d’une loi anti-fessée puisqu’elle n’agirait pas sur les causes de la violence familiale. Pour d’autres, une loi serait un bon moyen de faire évoluer plus rapidement les mentalités. Les avis sont alors partagés et, pour l’instant, la France refuse que l’État s’immisce dans la vie des familles sur ce sujet. Ce qui serait cependant nécessaire, c’est de soutenir les parents dans leur rôle d’éducateurs, de les aider à construire, avec leurs enfants, les interdits de la vie en société.

 

Il est toujours difficile de changer les mentalités. Surtout quand il s’agit de quelque chose de si profondément ancré dans l’éducation comme la fessée. Le premier pas serait probablement de lancer une vaste campagne d’information sur les dangers de la fessée. Puis, de proposer une éducation positive montrant aux parents comment exprimer leur autorité parentale sans user de punitions corporelles. Après tout, qui aime vraiment frapper son enfant ?

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