La valeur des notes

Dans le système scolaire français, les notes expriment la vérité absolue. Elles figurent, bien en évidence, sur les copies des élèves près de la signature parentale. En réunion Parents – Professeurs, l'enseignant ne parle de l'enfant – élève qu'en s'appuyant sur elles. Mais ces notes révèlent-elles vraiment un niveau de connaissances et de compétences ?

Des notes ici et ailleurs

Aux quatre coins du monde, la pratique de notation diffère. Les notes vont de 5 à 1 ou de 1 à 5, selon les pays, en Europe centrale. Elles sont inexistantes pendant les premières années scolaires en Finlande où les élèves ne sont notés qu'à partir de 12 ans.

En France, elles s'échelonnent de 0 à 10 puis de 0 à 20. Quelques établissements alternatifs ne les utilisent pas du tout.  Les points sont enlevés en fonction des fautes repérées. Les notes reflètent donc parfaitement la structure pyramidale du système scolaire français. Au fil d'une élimination progressive et impitoyable ne culmine qu'une élite socialement choisie.

Des notes subjectives

Il n'est nullement question d’encenser un manque de travail. Il est simplement opportun de s'interroger sur l'objectivité de ces notes.

Depuis longtemps déjà, des chercheurs se sont penchés sur ce thème. Il en ressort que des enseignants corrigeant des mêmes copies ne donnent pas nécessairement les mêmes notes. L'étude sus-mentionnée relève, page 16, un écart de 9 points sur une même copie corrigée par deux enseignants différents. L'écart – de plusieurs points – peut avoir pour incidence la réussite ou l'échec à un concours et à un examen. Dans son récent essai : "On achève bien les écoliers", publié en 2010 aux éditions Grasset, Peter Gumbal revient aussi sur ce problème.

Des notes pour la vie

Et pourtant, c'est sur la valeur conférée à ces notes que se joue l'orientation professionnelle des élèves. Très tôt. Dès le collège pour certains, au mois de janvier de la classe de seconde pour les lycéens. La note détient donc une double fonction de sésame et de couperet. Cela donne déjà le vertige. Mais au-delà,  son impact humain mérite aussi un moment d'attention. En effet, les notes traduisent-elles vraiment l'intensité du travail personnel d'un élève ? On peut s'acharner, fournir de gros efforts, répéter des exercices d'application, mais échouer à un contrôle.

Et en pleurer de rage et de découragement. Plus grave, l'estime de soi et la confiance en ses capacités d'apprentissage peuvent être largement entachées par des notes et des appréciations dépréciatives.

Il serait opportun que l’institution scolaire prenne en compte les conséquences morales de ces notes subjectives. En la matière, s'informer sur ce qui se fait ailleurs, peut être profitable. Il pourrait être intéressant d'étudier les résultats obtenus, tant sur le plan académique que sur celui du bien-être intellectuel, dans d'autres pays.

A titre individuel, à chacun - parents et enfants – de relativiser. Car au final, préserver la curiosité intellectuelle et le goût d'acquérir de nouvelles compétences et connaissances est peut-être le plus important.

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