Hommage à Lou Reed, icône rock

Rock'n'roll animal, fondateur du mythique Velvet Underground, Lou Reed est décédé il y a deux ans, à Long Island, après des années d'autodestruction romantique, d'infinie tristesse et de musique endiablée qui ont fait de lui une figure tutélaire du rock.

Le musicien Lou Reed s'est éteint le 28 octobre 2013 dans le village de Southampton, dans l'Etat de New York où il vivait avec son épouse, l'artiste expérimentale Laurie Anderson. Ce poète urbain âgé de 71 ans avait subi aux Etats-Unis une greffe du foie alors qu'il "était en train de mourir", selon les propos de sa femme.
Corps frêle et dégingandé, visage tourmenté, ridé et paradoxalement resté juvénile, grands yeux noirs et tristes, Lou Reed, artiste inspiré, enflammé, brûlant, s'est souvent consumé dans l'excès et les substances illicites. "J'ai essayé de me débarrasser de la drogue en buvant", avait-il écrit en 1992. "Mais ça n'a pas marché", avait-il reconnu. Au cours de l'un des derniers entretiens accordé avant sa mort au Times début septembre, les traits émaciés, le teint gris, l'homme marchant à l'aide d'une canne à pommeau d'argent avait revendiqué un statut à part: "J'ai toujours été à la marge, je le suis encore, je n'ai jamais fait ce qu'ils voulaient".
Né en 1942 à Brooklyn, Lewis Alan Reed, petit-fils d'immigrés juifs, connaît une enfance aisée et dès ses cinq ans, s'adonne au piano. A l'adolescence, c'est la passion, pour le free jazz qui le fait vibrer. A travers la musique, mais aussi la violence, la provocations et les termes crus, Lou Reed semble vouloir réparer le traumatisme subi lors d'électrochocs prescrits par un psychiatre et approuvés par ses parents quand il avait 17 ans parce qu'il avait des "tendances homosexuelles".
L'affaire de sa vie, c'est le groupe Velvet Underground, dont il est guitariste et chanteur. Il fréquente alors Andy Warhol, le pape du pop art, chez qui le groupe se produit fréquemment au sein de la Factory. Avec John Cale à la basse et à l'alto (avant que Lou ne le vire en 1968), Sterling Morrison à la guitare et Maureen Tucker à la batterie - à une époque où il était rare de voir une femme dans un groupe de rock -, le Velvet Underground (1965-1970), sans jamais connaître un véritable succès commercial mêle la violence des riffs métal aux mélodies que Lou Reed chante de son timbre grave, puissant et émouvant, parfois accompagné par le mannequin allemand Nico.

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Lou Reed est mort © Ian Dickson / Rex Featu/REX/SIPA

Inspiratrice du mouvement punk, la formation fait appel au théâtre expérimental, à l'art contemporain, à la littérature, au cinéma et canalise des influences variées en abordant des thèmes sombres et difficiles. Une salle où ils enregistrent à Los Angeles est ainsi fermée pour "pornographie". Avec le Velvet, David Bowie, puis en solo, Lou Reed prouve que n'importe quel sujet, aussi controversé soit-il, peut faire l'objet d'une chanson: la mort d'un parent (Standing on Ceremony), le sida (The Halloween Parade), le racisme (I Want to be Black), la lobotomie (Kill Your Song), les transexuels (Walk on the Wild Side), l'opium comme la "femme de sa vie" (Heroin)...

Postures avant-gardistes, écriture sacrée, paroles complexes, voix sépulcrale et jeu de guitare tranché, Lou Reed cultive une image de mauvais garçon. Bête de scène avec collier de chien au cou et regard outrageusement maquillé, il fait semblant de s'injecter de l'héroïne, insulte les journalistes et tabasse (du haut de 1m64) ses détracteurs...

Moins sulfureux, physiquement diminué, Lou Reed s'était consacré ces dernières années à la photographie, exposant son travail dans des galeries et au Tai Chi, un art martial asiatique. Sa figure burinée, ses lunettes noires et son souffle rauques sont entrés dans la légende.

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