Pesticides interdits : quelles sont les alternatives ?

Depuis le 1er janvier 2019, l'usage des pesticides est interdits dans les jardins de particuliers. Mais alors, par quoi les remplacer ? Découvrez ici les bonnes pratiques et les options écolo pour un jardinage durable, au naturel et sans produit phytosanitaire. Objectif zéro pesticide !

Pesticides interdits : quelles sont les alternatives ?
© Irina Kryvasheina/123RF

Les différents types de pesticides interdits

Jusqu'au 31 décembre 2018, voici les différents pesticides que l'on pouvait utiliser dans les jardins. Ils sont désormais prohibés.

  • Les fongicides, contre les champignons, s'appliquent sur les feuillages et sont irritants. Ils ne sont pas très dangereux pour l'homme mais beaucoup plus pour les animaux aquatiques. Les fongicides sont souvent composés de cuivre, un métal lourd qui se concentre alors dans le sol, entraînant sa stérilité.
  • Les insecticides sont les plus dangereux des pesticides et... les moins utiles dans le jardin. Il est contre-productif de les utiliser : cela nuit à la biodiversité et freine la pollinisation.
  • Les herbicides peuvent être cancérigènes. Il faut un délai d'attente entre l'utilisation du produit et le moment où l'on peut profiter de son espace vert, dans la mesure où on l'applique sur le sol, là où l'on marchera pieds nus et où les enfants joueront.

C'est une évidence mais il est toujours bon de rappeler les dangers des pesticides utilisés pendant des années : la première personne exposée est bien sûr le jardinier qui disperse les pesticides, puis les occupants du jardin, humain comme animal. Tout le monde est exposé ! Ainsi, marcher pieds nus sur un gazon entretenu aux pesticides peut présenter des risques. Indépendamment de l'usage des pesticides dans l'agriculture, l'utilisation des pesticides dans les espaces verts, publics ou privés, entraînent également une pollution des eaux à cause d'une dispersion dans les nappes phréatiques, même si ce n'est pas à la même échelle que dans l'agriculture.

Rappelons aussi qu'il est interdit d'appliquer des pesticides près d'une école et qu'un délai est nécessaire avant de marcher sur une pelouse traitée.

Comment se débarrasser des insectes sans insecticides ?

Pour éviter que les papillons pondent leurs œufs dans les fruits, on peut utiliser des pièges à phéromones ; ce sont des papiers collants imprégnés de phéromones qui empêchent la reproduction du papillon.

On peut aussi faire appel aux auxiliaires, c'est-à-dire une espèce d'insectes qui va se nourrir d'une autre espèce, comme les coccinelles pour les pucerons. C'est une méthode efficace sous serre mais difficile à mettre en place dans un milieu ouvert. Si une plante a des pucerons, c'est qu'elle est déjà malade et affaiblie. Il faut donc trouver comment la renforcer.

Autres insectes gênants, les guêpes, que l'on trouve près des piscines, des bassins ou des mares. Il suffit de verser quelques gouttes d'huiles essentielles diluées. Lavande, lavandin ou citronnelle feront fuir ces insectes.

Concernant les autres indésirables du jardin, on utilisera des ultra-sons contre les taupes, et des filets (ou un chat !) contre les oiseaux.

Comment se débarrasser des (mauvaises) herbes sans herbicides ?

L'idéal est d'anticiper lorsque l'on aménage son jardin, et de faire les choses proprement pour un jardin bien net. Par exemple, on installera du géotextile sous les graviers et les dalles et une bordure entre les graviers et l'herbe. Cela évitera à la terre d'être mélangée aux aménagements. Le contraire favorise la pousse des herbes, "mauvaises ou bonnes". Si des herbes ont poussé, il faut les ôter à la binette ou les retirer au fur et à mesure : cela ne prend pas plus de 15 minutes par jour ! L'idée est de ne pas laisser l'herbe s'implanter. Et surtout ne pas insister ! Par exemple, si vous avez disposé du gravier sur un gazon défraîchi, pas besoin d'utiliser de l'herbicide pour venir à bout de cette pelouse dont vous ne voulez plus. Il suffit de passer la tondeuse par-dessus le gravier. En résumé, il faut simplement réfléchir dans l'autre sens : que faire pour laisser pousser ces herbes et faire en sorte que le jardin reste propre ?

Pour l'entretien du jardin, quels engrais et produits naturels utiliser ?

Il est avant tout recommandé d'opter pour des variétés de plantes résistantes et greffées, notamment pour les rosiers et les arbres fruitiers.

  • l'engrais organique, vendu sous forme de paillettes, de billes ou de poudre. Ce sont des produits très concentrés qui fondent dans le sol. Ne vous étonnez pas de leur odeur : elle est assez forte au début ! Utiliser de l'engrais organique, c'est se poser la question de la fertilisation du sol et des plantes ; l'effet "coup de fouet" garanti par les produits chimiques que l'on utilisait jusqu'à maintenant est évidemment moins important, mais le sol et la plante sont enrichis doucement et sur la durée. Demandez conseil en jardinerie pour choisir le bon engrais adapté à telle ou telle plante et faites appel à un paysagiste.
  • le jus de mégots est radical contre les pucerons. Pour ce remède de grand-mère, laissez tremper des mégots dans un récipient rempli d'eau et récupérez le jus dans un pulvérisateur pour le vaporiser ensuite sur vos végétaux.
  • l'engrais organique à forte teneur en azote pour avoir un beau gazon. Il y a trois composants principaux dans les engrais : N, le nitrate d'azote pour la verdure, P, le phosphore, et K, le potassium, ces derniers pour les racines et les fleurs. Pour une pelouse bien verte, privilégiez donc les engrais qui ont le plus fort taux de N.
  • le compost. On peut soit le faire soi-même, soit se le faire livrer - en grosse quantité sinon ce n'est pas intéressant. On en trouve d'ailleurs maintenant dans les déchetteries qui recyclent ainsi leurs déchets verts. Pour le faire soi-même, il faut deux tas de compost et en alterner l'utilisation. S'il y a de gros vers ou des insectes dedans, c'est que le compost est au point. Une fois le compost prêt ou livré, déposez-en une bonne couche – environ 10 cm d'épaisseur – au pied de la plante. Cet engrais naturel a quatre effets bénéfiques pour le végétal : il nourrit la plante, il conserve l'humidité, il restructure le sol en s'y mélangeant et il limite la pousse des herbes autour de la plante.

Limiter l'arrosage est également important pour limiter l'utilisation des produits phytosanitaires. C'est souvent à cause d'un arrosage disproportionné que les maladies, les champignons ou les moustiques apparaissent. Un jardin doit sécher entre deux arrosages, même si c'est bien d'arroser pour avoir un beau jardin bien fleuri. Si les végétaux ont été bien plantés lors de l'aménagement du jardin, les pluies suffisent à son irrigation. Retenez quand même qu'il est impératif de bien arroser un espace vert les premières années.

Que dit la loi de transition énergétique sur l'usage des pesticides ?

La loi de transition énergétique pour la croissance verte, dite "loi Labbé" et publiée au Journal Officiel en août 2015, prévoit la mise en place de l'objectif zéro pesticide dans l'ensemble des espaces publics depuis le 1er janvier 2017. Autrement dit, l'interdiction de l'usage des produits phytosanitaires par l'État, les collectivités locales et établissements publics pour l'entretien des espaces verts, promenades ouvertes au public, forêts et voiries (sauf les zones spécifiques où l'interdiction ne peut être envisagée pour des raison de sécurité). Certaines communes n'ont pas attendu cette échéance pour passer au zéro pesticides. Les compétitions de villages fleuris et autres concours en témoignent. Il existe aussi un label "Terre saine - Communes sans pesticides" récompensant les collectivités territoriales qui ont arrêté l'usage des pesticides et des antimousses. En mars 2018, ce label avait été remis à 317 communes françaises. Il est évidemment important pour les mairies de communiquer auprès des habitants, afin que ceux-ci aient conscience de la présence d'une nouvelle flore (trop souvent qualifiés de "mauvaises herbes"), induite par l'absence de pesticide dans l'entretien des voiries.

En revanche, restent autorisés les produits :

  • de biocontrôle,
  • qualifiés à faible risque, 
  • ou dont l'usage est autorisé dans le cadre de l'agriculture biologique.

Côté particuliers, même si l'utilisation de produits homologués bio est de plus en plus répandue depuis quelques années, depuis le 1er janvier 2019, la commercialisation et la détention de produits phytosanitaires à usage non professionnel sont désormais interdites. Une mesure concernant les particuliers qui ont eu deux années pour prendre de bonnes habitudes de jardinage naturel, notamment en cessant d'utiliser le très controversé glyphosate. Pour les y aider, des enseignes, spécialisées ou non, ont devancé la mise en application de la loi et d'ores et déjà supprimé les produits phytosanitaires de leurs rayons.

(Merci à Violette Egon, paysagiste en Ardèche, pour ses conseils.)

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