Augmentation mammaire : prothèses ou injections de graisse ?

Une augmentation mammaire est une intervention esthétique qui consiste à augmenter le volume des seins. Deux solutions : par prothèse ou par lipofilling mammaire. Quelle est la technique la plus naturelle ? Y a-t-il un risque de douleur ? De complications ? Combien ça coûte ? Eclairage.

Augmentation mammaire : prothèses ou injections de graisse ?
© Roman Samborskyi - 123RF

Définition : qu'est-ce qu'une augmentation mammaire ?

L'augmentation mammaire, aussi appelée plastie mammaire d'augmentation, vise à augmenter la taille, la forme et le volume des seins en insérant des implants en silicone à l'avant ou à l'arrière du muscle du torse. L'augmentation mammaire peut être à visée esthétique (pour corriger une hypoplasie liée à une perte de poids, une grossesse) ou réparatrice (suite à la maladie, un accident, à hypoplasie congénitale).

Quand l'envisager ?

L'augmentation mammaire est possible à partir de 18 ans. "La demande peut se faire à tout moment de la vie" affirme le Dr Monnier. Elle est envisageable pour des poitrines peu ou non développées, asymétriques, souffrant de malformations, abîmées par les grossesses ou le vieillissement. "En cas d'allaitement, il est conseillé d'attendre 6 mois après la fin de l'allaitement pour poser les prothèses, poursuit le chirurgien plasticien. En cas de mammectomie, l'augmentation mammaire se fait rarement en cours de traitement, mais plutôt à la fin car les traitements peuvent retarder la cicatrisation, favoriser des problèmes infectieux." En cas de reconstruction des prothèses peuvent être posées, mais "ce n'est pas la même chose, il s'agit là de prothèses à visée reconstructrice" précise le Dr Monnier.

Quel volume de poitrine choisir ?

Il existe différents modèles de prothèses pour répondre aux attentes des femmes et s'adapter à toutes les morphologies. Si le choix de la patiente est déterminant, d'autres critères entrent en ligne de compte comme sa morphologie et la qualité de sa peau (élasticité, relâchement). Le chirurgien plasticien est là pour conseiller et éviter les excès. "Les femmes viennent nous voir avec leurs envies. Après une  analyse morpho-esthétique du thorax et de leur morphologie, nous sommes en mesure de leur conseiller un volume adapté, harmonieux avec le reste de la silhouette. Grâce à la simulation 3D en cabinet, on peut se faire une idée assez fiable du résultat final", explique notre interlocuteur. "En moyenne, en France, les femmes demandent un bonnet C", indique le Dr Olivier Gerbault, chirurgien plastique. 

En cas de demande disproportionnée le praticien peut refuser l'intervention. Un volume trop important par rapport à la carrure d'une femme peut abîmer la peau, favoriser l'apparition de vergetures. Les chirurgiens plasticiens ont alors un vrai rôle d'éducation et d'information à jouer auprès des femmes qui souhaiteraient des volumes trop importants.

Les prothèses mammaires

Pour une augmentation mammaire par prothèse, le choix de la prothèse se fait en discussion avec le chirurgien. Il existe deux types de modèles :

  • Les prothèses anatomiques : elles reproduisent une forme naturelle du sein, en forme de goutte ou de poire, parfaitement adaptées pour les patientes plutôt minces. "Aujourd'hui, on ne fait presque plus de prothèses anatomiques car il s'agit généralement de prothèses macro-texturées qui sont désormais interdites en France. Il y a des prothèses anatomiques non texturées mais elles présentent un risque de rotation. Il existe aussi des modèles que l'on peut fixer au thorax pour éviter qu'elles ne tournent mais elles ne sont pas remboursées par la Sécurité sociale", indique le spécialiste.
  • Les prothèses rondes (les implants les plus posés) : elles donnent un résultat plus rond, moins naturel, mais présentent l'avantage de ne pas altérer la forme du sein en cas de rotation. Il en existe de type ergonomique, contenant un gel visqueux et élastique, qui bougent avec les mouvements de la patiente.
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Implant mammaire © lightfieldstudios - 123RF

Les prothèses utilisées aujourd'hui sont toutes composées d'une enveloppe de silicone. Elles peuvent contenir du sérum physiologique ou du gel de silicone, de l'hydrogel. Après le scandale des prothèses PIP, la SOFCEP rassure sur l'innocuité de ces produits : "actuellement, les implants contenant du sérum physiologique sont de moins en moins utilisés en raison du risque qu'ils présentent de constituer des plis avec le temps et du risque de dégonflement précoce. Sont préférés des implants pré-remplis de gel cohésif de silicone, très fiable et plus proche de la consistance d'un sein." Un avis que partage le Dr Monnier : "depuis le scandale, ce que contient les prothèses inquiète un peu les femmes. Il faut savoir que toutes les prothèses sont constituées d'une enveloppe en silicone de grade chirurgical, le plus pur et le plus bio-compatible. À l'intérieur, elles renferment du silicone qui sera selon les labos plus ou moins souple, plus ou moins élastique, plus ou moins visco-élastique. Aujourd'hui la traçabilité est facile."

• Comment se passe l'opération ?

Selon la morphologie de la patiente, du choix de la prothèse, le chirurgien peut positionner l'implant :

  • Derrière la glande mammaire, pour un résultat plus naturel,
  • Derrière le muscle pectoral, l'implant est moins visible à l'œil et au toucher mais le sein est moins mobile lors de la contraction musculaire
  • En "dual-plan" idéalement, à cheval derrière la glande et le muscle, pour un résultat qui allie discrétion et mouvement

Le chirurgien opère alors soit en effectuant une petite incision sur la partie inférieure de l'aréole, soit dans le sillon sous-mammaire ou par une incision dans la région axillaire. L'opération dure une à deux heures environ et se fait sous anesthésie générale, en ambulatoire. La patiente peut ressortir le jour-même. "Ces dernières années, l'intervention a connu de grandes avancées que ce soit en termes de techniques -pose plus anatomique, positionnement dual-plan- que d'anesthésie. Le traitement de la douleur a évolué avec une anesthésie locale de la zone opérée avant le réveil de la patiente, avec prescription d'un traitement antalgique adapté. Si les douleurs sont fonction de chaque patiente, elles sont dans 90 % des cas tout à fait supportables" rassure le Dr Monnier.

Suivant la morphologie de la patiente, le médecin peut lui proposer plusieurs manières de positionner la prothèse. Soit derrière la glande mammaire, soit derrière le muscle pectoral.

  •  Si la prothèse est placée derrière la glande mammaire et devant le muscle pectoral, la poitrine bougera plus naturellement. Mais les bords de la prothèse se sentent plus facilement au toucher. 
  • Si la prothèse est placée derrière le muscle grand pectoral, les contours de la prothèse sont mieux cachés. Mais les seins sont alors moins mobiles et lors de la contraction musculaire, il est possible d'observer des déformations.

• Suites et risques possibles

Les suites opératoires peuvent survenir dans les premiers jours. Cela peut être : des œdèmes, des ecchymoses, un léger inconfort temporaire, un changement de la sensibilité du mamelon (plus ou moins fort). Mais tout est fait pour rendre les suites confortables. "Aujourd'hui, on prescrit un protocole d'étirements musculaires, on ne pose plus de pansement compressif et dernière avancée, à la sortie du bloc opératoire il est possible d'effectuer une séance de photothérapie à base de LED à visée antalgique. Dans l'ensemble, une douleur subsiste mais comme pour toute opération", poursuit le chirurgien plasticien.

Des suites assez simples qui permettent selon l'activité de chacune un retour au travail assez rapidement :

  • Dans les 2 à 3 jours pour les femmes sédentaires avec un emploi de bureau.
  • Plutôt une semaine pour les emplois plus physiques. 
  • En ce qui concerne la reprise du sport, il faudra attendre un mois car si les étirements sont conseillés, les contractions elles ne le sont pas. "Le sport n'aura pas d'effet bénéfique dans le cadre d'une augmentation mammaire car il stimule les muscles en les contractant. On peut se permettre à la limite des sports doux au bout de 15 jours mais pour tout ce qui est fitness, cross-training il faut attendre un mois."

Bien que rares, des complications peuvent survenir comme avec toute chirurgie. Les risques éventuels peuvent être : cicatrices disgracieuses, inflammations, hémorragies, nécrose, réaction allergique à l'un des quelconques produits utilisés... Des complications plus spécifiques à l'implant peuvent également apparaître : des plis et vagues peuvent apparaître, l'implant peut se voir, des ruptures de la prothèse peuvent survenir (généralement sur des prothèses anciennes et/ou mal surveillées).

• Résultats définitifs

Le résultat de l'opération s'observe trois mois après la pose des prothèses mammaires L'augmentation du volume de la poitrine peut être constaté tout de suite après l'opération. Mais, à ce moment-là, la poitrine apparaît encore figée, bombée. Un œdème augmente alors aussi la taille de la poitrine. "La forme définitive des seins ne peut être jugée qu'après 3 mois et l'aspect final des cicatrices au bout de 6 mois", précise le docteur Gerbault. Suivant le type d'opération subie (en fonction du choix et de la morphologie de la patiente), les cicatrices se situeront sous le sein, autour de l'aréole ou sous l'aisselle.

Enfin, les seins peuvent être insensibles à la stimulation pendant quelques temps. "L'augmentation mammaire est une opération sûre. Il est toutefois recommandé de changer les prothèses tous les dix ans. Par ailleurs, les implants n'empêchent pas les mammographies, ni la surveillance de la glande mammaire" précise le Dr Monnier.

• Combien coûte une augmentation mammaire, quel remboursement ?

"Une augmentation mammaire avec prothèse coûte, selon les régions, le praticien, son secteur d'activité, entre 4000 et 6500 €" confie le chirurgien plasticien. L'intervention quand elle est à visée purement esthétique n'est pas prise en charge par la Sécurité sociale. Elle peut toutefois l'être partiellement, après entente préalable, dans de très rares cas d'absence de tout développement mammaire ou de malformation.

Le lipofilling mammaire

Le lipofilling mammaire est un acte de chirurgie esthétique qui consiste à injecter de la graisse de la patiente (dite graisse autologue) dans sa poitrine. La graisse est prélevée par lipoaspiration sur une ou différentes parties du corps (ventre, poignées d'amour, culotte de cheval) et réinjectée une fois purifiée dans la poitrine. L'avantage de la technique est qu'elle permet de donner du volume aux seins sans avoir recours à un corps étranger. Toutefois, le lipofilling permet de gagner environ un bonnet par prise, donc moins qu'avec une prothèse. L'opération se déroule en ambulatoire sous anesthésie générale : le chirurgien réalise tout d'abord la liposuccion, puis il purifie la graisse avant de la réinjecter dans les seins. 

Augmentation mammaire à l'étranger : quels risques ?

Pour des questions de coût certaines femmes peuvent être tentées de se faire opérer à l'étranger. Pour le Dr Monnier, il ne s'agit pas d'un bon calcul. Le tourisme esthétique comporte des risques. Comment vérifier les qualifications du médecin qui opère ? Quel suivi ? Qui couvre les patientes en cas de complications ? "Quand vous vous faites opérer en France, vous voyez le praticien deux fois avant l'opération, avec un temps de réflexion et de rétraction. Quand cela se passe à l'étranger, les consultations se font sur photos, vous rencontrez le chirurgien la veille de l'opération. Vous sortez le lendemain ou surlendemain et après vous ne revoyez plus le chirurgien. Il n'y a pas de suivi. En France, il y a des visites dans les mois qui suivent l'opération, puis une fois par an environ. En cas de malposition de l'implant, il faut repartir à l'étranger. Qui vous prend en charge ? Par ailleurs, il faut savoir qu'il y a des risques de contracter des infections avec des bactéries que l'on n'a pas en France. Les questions de coût ne sont pas un bon calcul à faire car si jamais il y a des complications ce sera aux frais de la patiente, qu'elle reparte dans le pays d'intervention ou qu'elle se fasse opérer en France. Les tarifs ici tiennent compte de tout cela, on a un système de garantie au cas où il faudrait réopérer" prévient le chirurgien plasticien.

Le suivi est primordial pour s'assurer que la poitrine prend bien la forme attendue, qu'aucun problème ne survient.  Une intervention à l'étranger empêche tout suivi.

Dans tous les cas : "Les opérations mammaires sont parfois considérées comme des gestes simples mais il y a des malpositions de prothèses, la forme obtenue peut ne pas être jolie du tout, explique le docteur Olivier Gerbault, chirurgien esthétique. Cela pourrait être évité par une consultation clinique plus approfondie avant l'opération. Il y a des chirurgiens qui vont assez vite, qui soulèvent le tee-shirt de la patiente et c'est tout. Ils ne vont pas assez loin pour détecter un risque de malposition. Durant la première consultation, il faut prendre le temps pour interroger la patiente, l'examiner, la prendre en photo, la mesurer et lui faire essayer des prothèses (dans un soutien gorge) pour voir ce que cela peut donner... Une première consultation devrait durer une heure en moyenne."

Quels conseils après une augmentation mammaire ?

Les tarifs pour ce genre d'opération sont libres, le chirurgien devra forcément vous fournir un devis, comprenant ses honoraires, les frais de la clinique, le tarif des implants, le suivi post-opératoire. Une échographie peut être réalisée au bout de 7 à 8 années pour s'assurer de l'intégrité de l'implant.

Merci au Dr Jérôme Monnier, chirurgien plasticien et au Dr Olivier Gerbault, chirurgien esthétique.